Lucia et le sexe est un film qui a une bonne critique. J’avoue que si le film est plutôt bon, il n’y a pas néanmoins de quoi être extrêmement enthousiaste.
L’interprétation est bien, certes, emmenée par Pas Vega. Cette dernière s’en tire solidement, donnant du volume à son personnage et une belle intensité à sa prestation, souvent dramatique, parfois drôle. A ses cotés un casting féminin tout aussi convaincant, avec Najwa Nimri, et surtout Elena Anaya, réellement investit dans son rôle. Coté casting masculin, je soulignerai la prestation de Tristan Ulloa tout particulièrement. De ce coté là, c’est clair que c’est donc plutôt un point solide.
Le scénario par contre, est un peu inégal. D’accord il propose une belle histoire, décortique avec une finesse certaine les sentiments, en s’attachant à le faire de façon originale, et sans se défiler face aux difficultés. Le problème c’est que l’histoire est tout de même très alambiquée, que le système narratif est certes audacieux, avec des mises en abîmes, des cassures chronologiques… mais n’est pas toujours bien maitrisé. Finalement à trop vouloir se montrer expérimental dans le traitement de son histoire, Medem finit par nuire un peu à la clarté de son travail, à la clarté des sujets et des thématiques abordées, dont certaines pourtant très graves, apparaissent noyées au milieu de choses beaucoup moins puissantes. Par ailleurs le film est très long (plus de 2 heures), et il y a des coups de mou certains.
Sur la forme, Medem fait un bon travail de mise en scène. Il y a une recherche esthétique de qualité, un travail sur les plans soignés, des angles de vue originaux parfois. Cela compense une photographie en retrait. Juste passable pour les scènes « normales », tout les passages sur l’île son pour leur part dotés d’une photographie surexposée particulièrement désastreuse. Elle n’est même pas significative, car il est difficile d’avoir un ressenti face à ce qui rend alors à l’écran. Tout de bleu et de lumière écrasante, cela détruit complètement l’ambiance. Les décors ne sont guère plus enthousiasmants. Ils sont juste normaux dans les scènes « normales », et sur l’île et bien il n’y a aucune valorisation de ces-derniers. Par contre je salue le travail de Medem pour le rendu des éléments, comme le vent, qui à l’occasion de plusieurs scènes se taille une belle place. Pour l’érotisme Lucia et le sexe est assez soft, pouvant déconcerter surtout par son coté naturel et direct. Globalement on ne peut pas dire que le film s’appesantisse beaucoup dessus, et c’est surtout coquin, sauf à l’occasion de quelques scènes un peu plus crues. Très bonne musique, bien que trop discrète, et peut-être un peu répétitive.
En somme, Lucia et le sexe est un drame mâtiné d’érotisme. Il est intéressant pour les thématiques graves qu’il soulève, maintenant, est-ce qu’il les maitrise parfaitement, j’en doute. Un peu brouillon, introduisant même une pointe de fantastique, Medem mélange beaucoup de chose avec une ambition et un appétit démesurés, malheureusement le résultat en souffre un peu. Comme sur la forme ce n’est pas parfait, je donnerai donc la note de 3.