Il est possible, et probable, que le lecteur de San Antonio ne retrouve guère ici l'esprit et l'univers de son héros favori. Les autres (dont moi) découvriront toutefois un ton original, voir insolite, qui fait malheureusement long feu en raison d'une mise en scène aussi approximative que rudimentaire. C'est d'autant plus dommage que cette parodie des séries noires pouvait se faire une vraie place au côté de celles d'un autre genre du duo Lautner-Audiard. Ce dernier que, curieusement, on retrouve ici en tant que dialoguiste alors qu'il semble que les textes de Frédéric Dard se suffisent à eux-mêmes. Il est des scènes où la langue bien identifiable d'Audiard éclipse celle de Dard.
Cela ne constitue d'ailleurs pas une incohérence. Il reste que, si l'argot fuse, c'est quasiment le seul aspect humoristique du film tant les personnages -sans doute aseptisés par la censure ou l'auto-censure- manquent de truculence et de rigueur comique. Au terme de cette intrigue très anecdotique, où San Antonio, dynamique et séducteur, infiltre un gang de malfrats, je ne suis pas sûr d'avoir une juste idée des personnages de Frédéric Dard.