Entre deux « Transformers » à budget pharaonique, Michael Bay nous pond un « petit » film (enfin 26 millions de dollars tout de même !). Cette comédie criminelle adapte un fait divers sordide : à Miami, dans les années 90, un gang de bodybuilders peu finauds séquestra et tortura un homme d’affaires afin de lui dérober ses biens, puis enchaîna avec des actes encore plus graves. Michael Bay cherche à faire une sorte de « Fargo », présentant cette histoire surréaliste, et se centrant sur ces trois bras cassés aux gros muscles et aux petits cerveaux, qui alignent les décisions improbables. Mais plusieurs problèmes émaillent ses intentions. D’abord, il veut clairement présenter les trois lascars sous un jour plus ou moins sympathiques, les affichant comme des idiots attachants, et leurs victimes comme des richards absolument infectes. Cela pourrait fonctionner avec une histoire fictive, mais il s’agit ici de faits réels : les familles des victimes apprécieront… Ensuite, le réalisateur veut faire de son film une comédie. Pourquoi pas. Mais ce type de sujet demande de manier finement de l’humour noir et de l’ironie. Et ce n’est clairement pas le fort de Michael Bay, qui tourne son film au premier degré. Pour dénoncer la beauferie des protagonistes, son film est lui-même ultra beauf (stripteaseuses filmées sous toutes les coutures, langage gratuitement vulgaire et machiste, bolides colorés, gros bras huileux…). Pour se moquer de la stupidité de ceux-ci, il ne fait qu’insister lourdement dessus, et sur plus de 2h, c’est écrasant. Enfin, « Pain & Gain » (dont le titre VF est une jolie contre-adaptation !) est bourré d’effets de caméra superficiels et incohérents. Images saturées de soleil, utilisation de caméra go-pro, ralentis, shaky-cam, travelings port-nawak, transitions et effets m’as-tu-vu… On ne va pas se mentir, il y a bien quelques scènes amusantes, et quelques passages ou cela fonctionne. Mais dans l’ensemble, c’est plutôt pénible. Ceci dit, il y a tout de même des choses intéressantes. La critique du rêve américain, certes pachydermique, est pertinente et parfois drôle. Les acteurs semblent s’amuser. Mark Wahlberg en bodybuilder aussi ambitieux qu’ahuri. Dwayne Johnson en ancien camé simplet qui a trouvé un salut religieux. Tony Shalhoub en homme d’affaire prétentieux et injurieux. En résulte une œuvre qui demeure un OVNI dans la filmographie pétaradesque de Michael Bay, mais qui est très inégale.