Après un « Rocky III » globalement bon, mais qui restait bloqué à cause de nombreux défauts, « Rocky IV » remet les pendules à l’heure. Bon, on est encore à des milliers d’années-lumière des deux premiers volets. Le spectacle est assuré, d’où l’impression d’assister un gros film commercial qui vise exclusivement le grand public. Ce n’est pas un défaut en soit, bien sûr, mais si la tentative est aussi ratée que dans « Rocky III », autant abandonner le sujet. Heureusement que « Rocky IV » ne tombe pas dans les travers de son grand frère.
Le film est rapide, les séquences s’enchaînent rapidement. Etant coupé en plusieurs parties bien distinctes encore une fois (le premier combat - le départ en URSS - l’entraînement- le second combat), certains sujets ne sont pas assez approfondis. Ce problème touche surtout les personnages, en particulier Adrian, qui est complètement zappé tout au long du film. Son rôle est plus que secondaire, on croit souvent que Rocky s’en fout comme pas deux d’elle. Et les scènes censées susciter l’émotion sont mièvres (sauf la mort de Apollo Creed, marquante). La dimension humaine est de nouveau passée aux oubliettes, Rocky combat et s’entraîne… point barre. Sa relation avec son fils est quasiment absente, alors que le sujet mérite d’être traité. Par contre, il y en a un qui énerve beaucoup : c’est Paulie. Ce dernier est tout simplement insupportable, avec ses réflexions stupides et inutiles. Il touche le fond, et ne parlons même pas de ce foutu robot à deux balles qui n’inspire que la pitié. Apollo Creed est tout l’inverse de Paulie, plus les épisodes avancent, plus il parait gentil et attachant. Malheureusement, le scénario en voudra autrement…
C’est là qu’intervient la future star, un monstre avoisinant les deux mètres : le suédois Dolph Lundgren. Mr. T fait pâle figure, comparé à ce monstre athlétique au regard profond et noir. Choisi parmi des milliers de personnes Lundgren fout sur le cul dès le premier combat. La force des coups est d’une puissance inouïe, tout comme son jeu peu conventionnel qui intrigue impressionne. On se rend alors compte que Stallone a tout misé sur les combats, le dernier en particulier. Celui-là est sans doute le plus violent de tous, on reste ébahi devant la résistance des deux hommes et des poings échangés. La dernière minute est d’ailleurs d’une intensité rare (il faut savoir que les coups étaient vraiment portés pour la plupart, ce qui force le respect). L’autre bon point est que Lundgren parle peu… une aubaine suite aux paroles ridicules de Clubber Lang.
Sylvester Stallone met les bouchés doubles au niveau de l’action, que ce soit les deux entraînements parallèles (captivant et renversant) ou les combats. Le film revêt même un côté politique, en évoquant le Guerre Froide. Même si le discours final de Rocky est mou et peu profond, l’envie de vouloir bien faire est présente. Le long passage rétrospectif où Rocky se remémore les principaux évènements de sa vie passé est plutôt cool, et nous fait profiter d’une bonne BO. Le film est aussi une critique des USA, en particulier avec le mini-concert (vive le play-back de James Brown, haha) et les artifices pour souligner la superpuissance du pays comparé aux Russes. Sly prend conscience de ça.
Bien plus satisfaisant que « Rocky III », ce quatrième épisode est un plaisir pour les yeux, bénéficiant de solides arguments en sa faveur (surtout Dolph Lundgren, LA révélation du film).