De Rocky IV, il est dur de garder un souvenir impérissable. Car si le film pourra plaire, il ne fera nul doute qu'il ne fait que reprendre les gimmicks et les thèmes déjà abordés dans les trois films précédents, avec plus ou moins de réussite. Banale histoire de boxe qui manque cruellement de punch, affrontement ridicule entre deux pontes économiques et militaires, le film enchaîne les stéréotypes et les inepties les plus complètes. Les dialogues manquent donc de finesse, d'habileté : c'est assez stupide quand on s'y concentre plus en avant, notamment dans la gestion du conflit entre américains et russes. D'une puérilité absolue, cette évocation de la Guerre Froide ne trouve d'écho à sa débilité que dans l'expression bourrine de ses convictions. On ne pourra cependant pas lui reprocher son ambigüité politique affirmée; car si le film commence dans le patriotisme américain le plus simplet, il se termine dans un surprenant message de paix. Un passage certes naïf, mais qui fait plaisir à voir ( surtout sous la période Reagan ). A côté de cela, on notera aussi l'interprétation globalement plutôt bonne, encore que Sly donne ce sentiment qu'au fil des films, sa hargne d'interpréter le personnage, de lui donner corps et vie se dissipe complètement. Il est bien plus mou qu'auparavant, bien moins énergique : une sorte de repos sur ses lauriers, de manque de conviction. Et c'est dommage, parce qu'il est objectivement capable de bien mieux faire; suffit de le voir dans Rocky et Rambo pour comprendre la puissance de son jeu, la force de son interprétation. Le voir faire du McDo, ça déçoit clairement. Il en ira de même pour l'actrice Talia Shire, l'interprète d'Adrian. Bien dans ses bottes, à l'aise dans son rôle autant que Sly dans le sien, elle semble être arrivée au bout du chemin. Le constat est identique à celui de Stallone : on ne sent plus de fureur, plus de vitalité dans son interprétation, plus d'intérêt qui émane d'elle. Seulement, Lundgren fait figure d'exception; si Carl Weathers nous abreuvera, une fois encore, de son charisme, c'est notre bon ami Dolph qui remporte la partie, s'imposant comme LE monstre de la saga, comme le personnage le plus imposant qu'ait pu affronter le pote Rocky. On tient là LA bête de prestance, l'acteur qui tient son rôle de manière solide. En ce qui concerne la mise en scène de Sylvester, c'est assez décevant; les effets les plus kitschs se couplent au passage les plus réussis, nous livrant un résultat somme toute médiocre des plus surprenants. S'il était bon acteur, il n'est pas aussi bon réalisateur. De même pour l'écriture, qui peine à convaincre son spectateur comme il se doit. Une déception qui vient tout du long, du début what the fuckesque au combat final répétitif et suivant le même procédé que celui des trois films précédents, avec la même fin, et le même plan final. On pourra parler d'identité visuelle quand je n'y vois qu'un fort sentiment de réchauffé. Il est donc là, le principal problème de Rocky : malgré ses débuts dantesques, le personnage peine à se renouveler, à changer ses codes et faire avancer son personnage. Des décisions importantes sont prises, l'entourage bouleversé, mais le constat reste identique : quel que soit le film, Rocky ne change pas d'un pouce et parvient toujours à ses fins de la même manière. Au final, l'entraînement qui manque de punch et la fin qui pue le réchauffé vous laisseront sur votre faim. En espérant que la suite le rattrape convenablement, et redonne ses lettres de noblesse à une saga en perte de vitesse.