Classique avant-gardiste des 70’s revenu sur le devant de la scène grâce au remake raté de John McTiernan, "Rollerball" a terriblement vieilli… au point d’être difficilement regardable sans un sourire en coin. Plus que l’image typique des productions de cette époque et les costumes vieillots (alors que le film se passe dans un futur proche), c’est surtout le ton kitsch adopté par le réalisateur Norman Jewison lorsqu’il veut densifier son intrigue qui parait complétement dépassé aujourd’hui. Les scènes où le héros, Jonathan E. se repasse les vidéos de son ex-femme en errant comme une âme en peine dans sa maison (censées représenter sa souffrance intérieure) sont assez risibles tout comme les déambulations au petit matin des convives sortant de soirée (symbolisant une certaine forme de décadence inconsciente des élites). A croire que Jewison a essayé de marcher sur les plates-bandes d’un Kubrick, également adeptes de ce genre de séquences mais avec plus de talent. Ces maladresses, encore plus voyantes aujourd’hui, sont d’autant plus impardonnables qu’elles sont inutiles au vu de la force du récit initiale. Car, "Rollerball" est, avant tout, un film politique qui dénonce la manipulation des foules par leurs dirigeants à travers le sport. L’idée, aussi pertinente que subversive, est parfaitement illustrée par les discussions entre la star du Rollerball et son glacial dirigeant mais surtout par les séquences de jeu dans l’arène qui ont fait la renommée du film. Plutôt violents pour l’époque (et tout au plus âpres aujourd’hui), ces matchs, aux règles sans cesse modifiées pour mieux contrôler un public venus en masse pour encourager son équipe et crier sa haine de l’adversaire, sont une allégorie plutôt bien vues du rôle joué par le sport dans les sociétés modernes. Les matches permettent également d’apporter un peu de dynamisme à un film qui en manque cruellement, ce que les choix de mise en scène de Jewison ne vient pas améliorer (choix de musique pas terribles et allongés au-delà du raisonnable, zooms vieillots…). A ce titre, il est étonnant qu’un film aussi peu efficace s’achève de façon aussi abrupte sans illustrer les conséquences de la rébellion de Jonathan sur le système. Le héros est, d’ailleurs, lui-même est assez obscur dans ses motivations puisqu’on ne comprend pas forcément pourquoi il décide de ne plus suivre les règles et dans ce montrer, du jour au lendemain, aussi peu coopératif avec ses dirigeants… si ce n’est la perspective d’une retraite forcée (ce qui parait un peu léger). Il manque un traumatisme à cette star qui coïncide avec son changement de comportement (l’abandon de sa femme est trop vieux, l’accident de son meilleur ami arrive trop tard…). Il peut néanmoins se reposer sur l’interprétation tout en virilité de James Caan, parfaite représentation du sportif macho des 70’s (chemise ouverte sur un torse poilu, chaine en or et chevalière, pantalon moulant…). Le reste du casting n’est pas forcément du même acabit, si ce n’est peut-être John Beck en meilleur ami insouciant et John Houseman en vieux. En bref, "Rollerball" aura davantage marqué les esprits par son sous-propos politique que par sa qualité réelle.