Quand on évoque Psychose, c’est souvent pour sa perfection, pour le génie d’Hitchcock à avoir su faire d’une série B sur le papier un classique intemporel. A ce point intemporel que le film, en dépit de son statut d’intouchable, a engendré 3 suites et une série. Richard Franklin, spécialiste d’Hitch, avait livré un hommage sérieux mais très ancré série B. Qu’en fera Anthony Perkins, Norman Bates himself, réalisateur de l’opus III ?
Dans la continuité de Psycho II, Perkins marque la volonté d’un prolongement, et c’est pour ainsi dire l’idée centrale du film. Alors qu’on aurait pu craindre un remake sans inspiration, le metteur en scène s’ingénie à la fausse piste, dans l’esprit du maître du suspense, jusqu’à reprendre le motif principal, et une part de l’intrigue, de Vertigo pour irriguer son propre film. La note d’intention est claire dès le prologue, situé dans un clocher, renvoyant au final de Sueurs froides – prolongement. Si on se demande bien ce que ces bonnes sœurs viennent faire ici, les indices semés au fur et à mesure amènent sans doute possible la figure du remplacement, celle de Mère, celle de Marion Crane.
Et Perkins de jouer avec les plans iconiques du Psycho original pour les détourner dans leur signification et, encore une fois, les prolonger. Assez troublant, grotesque même parfois (dans le bon sens du terme), quand par exemple Bates ouvre le rideau de douche prêt à « recommencer » l’histoire et qu’il est arrêté par l’état de sa victime, victime d’elle-même.
Passionnant dans ces moments, Psychose III l’est moins quand il se détache de son modèle, comme si l’inspiration le fuyait alors, laissant s’installer un sentiment mitigé d’assister à une série B pas folichonne. Heureusement, ces moments sont suffisamment rares pour emporter une adhésion qu’on n’aurait pas cru possible.
A retenir :
*Le thème musical de Carter Burwell, mélancolique.
*La reprise des images fortes du Pyscho d’Hitchcock (la scène de la douche, la chute dans l’escalier), détournées dans leur signification et dans la psychologie de Norman.
*L’hommage dans la scène d’ouverture à un autre chef-d’œuvre d’Hitch, Sueurs Froides et son final dans un clocher, ici en ouverture, qui introduit l’idée principale de Vertigo (le remplacement d’une femme par une autre suite à un trauma) dans celle de Psycho.