Un classique d’une grande beauté avec Max Ophuls au sommet de son art. Une mise en scène brillantissime, avec quelques plans séquence « cultes ». Dans le premier court , la caméra virevolte autour des danseurs dans ce cabaret des années folles d’une manière magique ,envoutante , non-stop, c’est comme une valse tourbillonnante, on se demande comment cela fut possible avec le matériel très lourd de l’époque, une vraie prouesse .On a retrouvé dans le cinéma contemporain , une certaine filiation dans la scène d’intro du « Babylone » de Damien Chazelle . Et puis dans le 2eme « la maison Tellier » cet incroyable plan, tournant autour de la maison et dévoilant par les fenêtres la vie intérieure de chaque pièce, comme de multiples scénettes d’un patchwork qui s’assemble sous nos yeux. C’est absolument éblouissant. Il y en ensuite la très belle adaptation des textes de Maupassant, tout en finesse, des dialogues délicats très raffinés. Il y a la prestation formidable de tous ces acteurs de premier plan. Jean Gabin, Madeleine Renaud (formidable) , en « Madame » rigoureuse , Jean Servais, Pierre Brasseur, Danielle Darrieux. C’est un régal. Et puis surtout dans la « maison Tellier » cette liberté de ton . Cet « hommage » à la maison, aux filles sympathiques, qui font leur job avec application, mais qui sont tellement heureuses de participer à cette communion de la petite nièce, qui retrouveront lors de la cérémonie, toute la pureté de leur enfance , pour un instant . L’opposition entre le pur et l’impur, sublimée par la ballade dans la charrette, conduite par Jean Gabin, avec ce beau cheval blanc, en peine campagne ,et l’arrêt pour cueillir de fleurs, , sublime plan large, comme un tableau de Monet, avec toutes les filles éparpillées , cueillant leur magnifiques bouquets qui serviront d’ailleurs à décorer la maison lors de la grande fête de retour, ces bacchanales de luxure sans retenue. Il y a aussi l’accent porté sur l’hypocrisie de tous ces bourgeois normands qui s’empressent de retourner à la maison dès qu’elle rouvre , cette recherche du plaisir immédiat ,de la débauche , et Max Ophuls, quoique un peu moqueur, se montre conciliant et bienveillant avec la réalité de ce monde et les failles des êtres humains. Une merveille de film.