Je partais assez enthousiaste à l’idée de découvrir un film avec un Eddie Murphy dans un style un peu différent de ce qu’il fait d’habitude. Plus sérieux, et surtout, présent devant et derrière la caméra.
Et puis finalement, ce n’est pas terrible. D’abord car le métrage est mal conduit niveau histoire. Recyclant plus ou moins tous les lieux communs du film de gangster, Murphy réalise plus un pastiche qu’autre chose, de ce qui s’est déjà fait. Doté d’un rythme lent, on peine à saisir vraiment les enjeux du film. On nous parlera par exemple de la menace Calhoune, le grand méchant, mais finalement on ne le voit guère aller au-delà des menaces verbales avec les héros. Il est possible que Murphy n’est pas non plus su choisir entre le sérieux et le comique, réalisant du coup un pseudo-Casino à la sauce buddy-movie hérité d’un 48 heures. C’est un peu le genre de mélange que j’ai ressenti, et le résultat est franchement mitigé, loupant le coche sur les deux plans. Quelques scènes drôles surnagent, il y a un humour noir qui parfois fait mouche, et tout n’est pas horrible, mais c’est vrai que l’histoire est peu prenante.
Le casting est meilleur, mais pas exceptionnel non plus. Les premiers rôles sont peu critiquables, même si Murphy se fait voler la vedette, très nettement. Loin de ses excentricités habituelles, Murphy parait ici bien calme, et bien terne. Lorsqu’il n’est pas en mode pile électrique, Murphy est finalement fadasse. Il est entouré, heureusement, d’un Richard Pryor parfait et il fait face à un Michael Lerner excellent en méchant de service. Il se fait visiblement très plaisir. Ce sont les deux noms les plus marquants, avec des seconds rôles beaucoup plus inégaux, et de vrais loupés. Arsenio Hall par exemple, qui apparait heureusement assez peu, pourri cependant toute une séquence par un surjeu hallucinant. On le dirait échapper d’un asile de fou ou alors sous l’emprise d’un gaz excitant !
Le meilleur du film reste sa forme, même si là aussi ce n’est pas exempt de défauts. Doté de très beaux intérieurs, d’une reconstitution soignée, Les Nuits de Harlem est un film plutôt raffiné et élégant, même si on sent l’ambiance studio. Reste que le détail est là, et la musique rétro fait bel effet. Maintenant, Murphy n’est pas un génie de la mise en scène, c’est indéniable, et il peine à donner du punch à sa réalisation. La scène d’ouverture par exemple est assez terne, et n’est ni comique ni dramatique, elle est juste mal filmée. Ce n’est pas constant, mais Murphy semble mal à l’aise, et le résultat est bancal.
Pour être honnête, le film est tout de même très défectueux. Une reconstitution soignée et deux bons acteurs dans des rôles importants (je ne compte pas le timide Murphy) ne suffisent pas vraiment à faire des Nuits de Harlem un divertissement réussi. Dommage pour Murphy, qui a tenté, mais qui était trop court pour un projet de cette ambition. 1.5