Un fauteuil pour deux est une comédie qui forme presque un diptyque avec Un Prince à New-York. Même réalisateur, même Eddie Murphy, et concept assez similaire finalement, mais à mon sens ce film est un peu au-dessus de Un Prince à New-York.
J’avoue ne pas trop comprendre certaines critiques qu’on peut lire sur les acteurs. C’est un atout certain de ce métrage, et sans être un grand fan des interprètes principaux, je dois reconnaître objectivement qu’ils sont bons. Eddie Murphy, à part un peu au début ne cabotine pas à outrance, et il se glisse finalement bien dans son personnage, rigolard mais sans trop. Il fait face à un Dan Aykroyd lui aussi un peu excessif au début mais qui trouve vite la bonne tonalité et apporte du relief à son personnage. Après c’est vrai, les seconds rôles, notamment Don Ameche, Denholm Elliott et Ralph Bellamy volent parfois la vedette au couple principal avec des numéros subtils et, pour les Duke, d’une délicieuse causticité. A noter côté féminin une Jamie Lee Curtis plus séduisante que jamais, et à l’interprétation malicieuse et délicate qui est irréprochable.
Bon casting donc, et à l’aise, au service d’une histoire qui se montre pleine d’humour caustique et incisif, dont le message n’a pas vieilli finalement. C’est peut-être, par bien des aspects plus cynique encore aujourd’hui ! Malgré l’arrière-fond courtier, bourse, trader et autres synonymes de « magouillages », Landis parvient à tirer un film humain et très sympathique. Ne reculant pas devant l’humour absurde à la George de la Jungle, Un fauteuil pour deux fonctionne très bien, avec un concept qui permet de vrais moments loufoques, et toujours avec une pointe d’aigreur qui montrer qu’on n’est pas seulement dans une comédie de base. Il y a aussi une certaine sensibilité, de l’émotion, une touche de gravité en filigrane. Bref, Landis livre un film volontiers déconcertant, et qui, je n’en doute pas ne laissera pas indifférent, tant par certains gags que par sa tonalité cynique que certains trouveront peut-être caricaturale.
Formellement pas grand-chose à redire. Si Landis ne livre pas sa meilleure mise en scène, manquant un peu de peps et d’inventivité pour amener ses gags (je pense à la partie du train par exemple, qui aurait pu être plus fouillée en la matière), reste qu’Un fauteuil pour deux bénéficie de beaux décors, d’une photographie soignée, et d’une bande son bien sympathique. C’est une comédie luxueuse à l’ambiance de fêtes de fin d’année et au charme eighties qui patine agréablement le film.
En clair, Landis signe une comédie raffinée qui tend parfois à forcer le trait, qui n’est pas totalement exempt de quelques phases de surjeu (au moins de Murphy et d’Aykroyd) et qui n’a pas la mise en scène la plus pointue du réalisateur, mais qui tient la route. Je la recommande. 4