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Jean Michel Passerin
2 abonnés
12 critiques
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1,5
Publiée le 27 juin 2012
Navet siripeux de bonnes et mauvaises intentions qui dénature totalement l'oeuvre de Faulkner. Pas un rôle pour sauver l'autre. Personnages outrancés à la limite du pitoyable. Un jeu d'acteur épouvantable, même de la part de Newman (Orson n'ayant quant à lui jamais été un bon acteur). Un scénario totalement improbable truffé d'incohérences. Seule, par moment, l'image sauve d'un ennui désespérant.
Martin Ritt cinéaste clairement engagé à gauche jouit d’une solide réputation Outre Atlantique qui ne l’a pas suivi jusqu’en Europe où son cinéma a été fortement critiqué par les tenants de la Nouvelle Vague. Si « Les feux de l’été » peut accréditer la théorie d’un cinéaste sans réelle personnalité, se contentant de copier dans ce drame sudiste les envolées lyriques d’un Vicente Minelli, d’un Elia Kazan ou d’un George Stevens à la même époque, la seconde partie de la carrière de Ritt avec des réussites notoires tels que « Hombre », « Norma Rae » « L’espion qui venait du froid » ou plus encore « Traîtres sur commande » mérite à coup sûr une réhabilitation. Nous sommes ici sur le versant le moins intéressant de la carrière de Ritt qui pour son troisième film, tente de faire de Paul Newman le remplaçant de James Dean qui avait assis sa fulgurante popularité sur des mélodrames du même style comme « A l’Est d’Eden » ou « Géant ». Là où Elia Kazan avait adapté John Steinbeck et George Stevens Edna Ferber, Ritt s’inspire de William Faulkner. Fini les grands mélos d’amours impossibles des années 30 et 40 style « Autant en emporte le vent » ou « La valse dans l’ombre » et place désormais aux drames familiaux mettant en scène l’exclusion, la frustration et les ambitions déçues. Le grand Mankiewicz lui-même s’y frottera en adaptant une pièce de Tennessee Williams (« Soudain l’été dernier »), tout comme Edward Dmytryk (« L’arbre de vie »), Vincente Minelli (« Celui par qui le scandale arrive ») ou encore Georges Stevens (« Un place au soleil »). Mais le maître incontesté de ce sous-genre restera Douglas Sirk qui livrera plusieurs chefs d’œuvre parfaits de maîtrise. Martin Ritt a donc fort à faire avec son adaptation de Faulkner alors qu’il n’est encore qu’un réalisateur de télévision qui tente le passage au grand écran. Comme souvent dans ce type de récit les personnages sont fortement marqués, souvent à la limite de la caricature, le travail du metteur en scène consistant dans le meilleur des cas à contenir le jeu de ses acteurs. Orson Welles se cachant derrière un grimage à la limite du grotesque comme il l’a fait la même année dans son propre film « La soif du mal » n’en a cure et livre en totale roue libre, une prestation flamboyante en patriarche soucieux d’assurer la pérennité de son entreprise qu’il n’entend pas léguer à un fils trop volage . La démesure grandiloquente qu’il apporte à cet homme désespéré finit par le rendre sympathique ou tout simplement humain. Cette nuance permet sans doute de mieux accepter la fin en happy end plutôt rare dans ce type d’entreprise. Quant à Paul Newman, il ne sort pas trop abîmé de l’entreprise même s’il n’est pas encore débarrassé du maniérisme qui lui a été inoculé à l'Actor's Studio par la méthode chère à Lee Strasberg. Joanne Woodward à l’opposé, pourtant issue du même moule montre une plus grande aisance pour se mouvoir à l’écran. Les personnages joués par Anthony Franciosa et Lee Remick sont à la limite du supportable tellement ils sont chargés de tous les excès de leur caractère. Fils de bonne famille castré par un père surpuissant pour l’un et chatte en chaleur prête à tout pour assouvir sa soif de réussite pour l’autre. Un film très imparfait qui n’a en rien contribué à la renommée de Martin Ritt chez les « enragés » de la Nouvelle Vague qu’étaient à l’époque les Chabrol ou Truffaut.