Un film bizarre. J'aime revoir les films d'Henri Verneuil: I comme Icare, Le clan des siciliens, Le casse, Week-end à Zuydcoote, Un singe en hiver... Mais celui-ci me laisse un goût amer. Une sorte d'histoire pas aboutie et sans intérêt. La province, c'est déjà pas excitant, mais alors la province au cinéma, c'est d'un ennui... La ville est sans vie, sans âme, sans intérêt. "Un temple tout entier voué au textile..." dit Belmondo. Une ville qui est censée tourner à plein régime, mais tout est creux, sans épaisseur, sans crédibilité, aseptisé. Je ne m'explique pas pourquoi Verneuil s'est appliqué à filmer une ville vide alors que le film constitue une critique politique des possédants manipulant les prolétaires. Franchement, ça met mal à l'aise. Les rues sont désertes, le stade aussi, les barres de logement aussi... quand elles ne sont pas en chantier... Bienvenue en enfer... Brrr... Le temps passe à observer Belmondo détricoter une embrouille de notables mouillés dans un traffic de drogue dont ils lui ont fait porter le chapeau. Belmondo laissé à lui-même, naïf, victime, contre-employé... On y croit pas. On sent que Verneuil est aux prises avec un sujet qu'il maîtrise mal: le vice, la musique, les boites de nuits, la drogue, les femmes... Il y a une scène indescriptible où une centaines de notables accompagnés de leur légitime, assistent à un strip-tease sur un très mauvais pastiche de "Money" des Floyds. A mourir de rire. Pas parce que ça a vieilli, mais parce que c'était déjà ridicule à l'époque.
Et curieusement, chaque fois qu'il repasse à la télé, je le regarde à nouveau pour vérifier mon sentiment. Allez comprendre...