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Un visiteur
4,0
Publiée le 5 mai 2007
Pour son premier film, Wong Kar-Waï réussit un fort beau coup dessai : As Tears Go By est un film prometteur et convaincant. Son incursion dans lunivers du film de triades peut dérouter en vue de ses autres réalisations (Happy Together, In the Mood For Love), mais il nempêche que ce premier film annonce dune certaine manière les prémisses du style de Wong Kar-Waï. Cette plongée dans la guerre des gangs de Hong Kong ne manque pas de style, As Tears Go By ne manquant pas de rythme et dénergie ; le montage impulsif, nerveux, retranscrit la fièvre dun monde violent et impitoyable. Car As Tears Go By est avant tout un film violent, peut-être trop parfois, certaines scènes se montrent assez crues. Mais cette peinture de la violence, Wong Kar-Waï parvient à la styliser, avec une réalisation honorable pour un premier film ; la musique, envoûtante, lui donne un charme évident. Mais le réalisateur sintéresse surtout aux relations humaines, les liens qui unissent les personnages entre eux (amour, amitié fusionnelle) ; il nen oublie pas non plus lhumour (personnage de Fly), qui évite au film de tomber de la lourdeur et le cliché. Enfin, à noter les bonnes interprétations de Andy Lau et de la talentueuse Maggie Cheung. Tout cela fait de As Tears Go By un film de qualité, réussite admirable pour une première réalisation. Un film prometteur, qui reste toutefois encore assez éloigné du style du réalisateur, style quil parviendra à imposer par la suite.
Premier film de Wong Kar-Wai, ce drame urbain intense, sorte de MEAN STREETS transposé dans le Kowloon des années 80, impose d'emblée la virtuosité stylistique de son auteur, qui dépeint ici le quotidien de petites frappes sans avenir avec une grande linéarité, pour mieux souligner l'aspect sentimental de son film (une histoire d'amour et une autre d'amitié, toutes deux très fortes), tout en utilisant pléthore d'effets visuels et esthétiques techniquement remarquables. Au-delà de sa dimension romantique, tragique et fraternelle, AS TEARS GO BY regorge de séquences de combats à mains nues d'une violence bien souvent à la limite du soutenable, quoiqu'assez stylisée, dont le jusqu'au-boutisme déplut à la critique occidentale lors de la projection du métrage à Cannes. Les trois protagonistes sont interprétés par Andy Lau, Maggie Cheung et Jacky Cheung, comédiens déjà reconnus dans le cinéma chinois de l'époque; celui qui émerge en l'occurrence plus particulièrement du trio est sans contexte Jacky Cheung, dans la peau d'un jeune chien fou mais naïf à la personnalité exubérante. L'on a beau sans cesse reprocher à l'acteur son jeu outré, force est d'avouer que ce dernier crève continuellement lécran de par toute l'émotion, la nervosité et la candeur qu'il dégage. La musique se veut quant à elle magnifique: nappes synthétiques typiquement eighties envoûtantes à souhait et superbe reprise de Take my breathe away (à la base un fameux thème de TOP GUN composé par Giorgio Moroder) en cantonais, révélant l'admiration de Wong Kar-Wai pour la culture pop américaine qui faisait alors fureur un peu partout. Même si sa narration tourne un tantinet en rond, AS TEARS GO BY demeure un jalon important dans le cinéma hongkongais pré-rétrocessionnel, grâce à sa beauté plastique incontestable, sa réalisation sans failles ainsi que l'épaisseur accordée à ses personnages. Premier film, premier petit coup de maître.
Un recopiage pur et dur de « Mean streets » de Scorsese, preuve aussi que le copié/collé ne se déroule pas uniquement dans un sens. Ceci dit, Wong Kar-Waï ne sen cache pas, et faute avouée, à moitié pardonnée.Le récit de « As tears go by » transpose le milieu mafieux de Little Italy à celui des triades de Kowloon. Les deux personnages centraux de Charlie/Harvey Keiteil et Johnny Boy/Robert De Niro sont repris presque à lidentique par Andy Lau et Jacky Cheung. Comme dans « Mean streets », il sagit de petits mafieux de bas quartier, de la petite mafia de rue, que lon pourra classer dans le genre « drame urbain ». A noter que non seulement des personnages de « Mean streets » ont été recopiés, mais également des séquences entières comme la célèbre scène de baston de la salle de billard. « Mean streets », qui influencera tous le style de Wong-Kar-Waï, bien au-delà de « A tears as go by », sur le thème de la descente aux enfers. Dans cet ensemble complètement impersonnel, on retrouvera tout de même quelques indices de prémisse du style à venir du réalisateur. Par exemple, la passion pour la Love story douloureuse et les couples en permanence séparés, thèmes principaux de « In the mood for love » et « 2046 ». La relation du couple dans « As tears as go by » constitue dailleurs le seul aspect intimiste du récit, mais assez important tout de même pour que lil du cinéphile commence à s'y intéresser. De beaux moments sur le thème des amours difficiles ou impossibles, qui réussissent à sortir par moment, telles des respirations intimistes, de lenfermement scénaristique et des règles codifiées peu originales et étriquées. Autre indice, celui du thème de la répétition, qui explosera dans « In the mood for love », et utilisé ici avec la répétition du thème musical « Take my breath away » à travers plusieurs séquences. Un premier film de cinéphile sous très grandes influences, pour se faire un nom et une réputation.
L'esthétique tant apprécié dans les films de Wong kar Wai est ici abandonnée au profit de la profondeur des personnages et de leur psychologie. Une sorte de "Stranger than Paradise" à Hong Kong.