Marc Allégret est un réalisateur qui à mon sens n’a pas beaucoup de talent. Il fait vivoter des films peu inspirés, souvent pas antipathiques, mais sans grand relief, et ici c’est malheureusement le cas.
Malheureusement car le casting est assez incroyable, permettant notamment de croiser Belmondo et Delon à leurs débuts. On peut aussi voir un Roger Hanin méconnaissable. Bon, c’est meilleur sur le papier qu’à l’écran, car Belmondo et Delon sont loin de crever l’écran dans des rôles il est vrai assez quelconques. Ils ne sont pas les seuls. Darry Cowl est très cabotin ici, trop compte tenu de la tonalité semi-sérieuse du film par moment, Henri Vidal a du charisme mais aussi un peu trop de sobriété de jeu. Mylène Demongeot et Béatrice Altariba sont là, heureusement, pleines de charme, et le piquant d’Altariba répond à une Demongeot un peu naïve pour un contraste agréable, mais trop tardif. Altariba n’étant pas présente dans la plus grosse partie du métrage. Les acteurs ne m’ont donc pas spécialement convaincu, et l’enthousiasme qu’on peut avoir est clairement plus sur le papier qu’à l’écran.
Le scénario est très pénible. Peu drôle, peinant à choisir entre le comique et le polar plus sérieux, cette histoire de pierres précieuses et d’appareils photos est inintéressante au possible. Allégret mène son métrage avec une narration chaotique, plate, et un désordre narratif inefficace. Il n’y a pas de punch dans ce métrage, pas de cohésion, ou trop peu. Ça grouille de personnages, tout n’est pas clair, fluide et donc divertissant. Honnêtement c’est très confus, et ça manque de mordant. A part Darry Cowl qui semble avoir pris le film pleinement comme une comédie populaire, Allégret n’arrive pas à faire rire, et d’un autre côté on sent bien qu’on n’est pas dans un polar classique, ne serait-ce que par cette loufoque histoire de trafic et des dialogues peu crédibles.
Quant à la forme, Allégret ne s’en souciait pas trop dans ses derniers films. Malgré un noir et blanc assez élégant, la platitude de la réalisation qui peine même à souligner la beauté d’Altariba et de Demongeot, les décors limités et une bande son très quelconque font de Sois-belle et tais-toi un métrage anodin.
En somme, ce film à l’instar d’une bonne partie du cinéma d’Allégret tient aujourd’hui essentiellement de la curiosité pour son casting, car il ne réjouira guère sur les autres plans. Pas assez drôle, pas assez costaud niveau intrigue pour représenter un polar léger décent, ce métrage est un fourre-tout brouillon, qui avait peut-être du potentiel, mais qui avec sa narration impotente est fort peu digeste. 1.5