Dreamworks nous pond sa première suite et c’est l’ogre Shrek qui en fait les frais pour une aventure encore plus réussie que son cultissime prédécesseur ! Dés l'ouverture de "Shrek 2", le ton est donné. Les réalisateurs vont, dans un prologue délirant, appliquer la même recette que dans le premier opus. Le film se présente comme une gigantesque tapisserie comique où les gags s'enchaînent à une vitesse incroyable et où le bon goût est toujours de rigueur. De l'utilisation délirante de la musique lorsque la Bonne Fée se lance dans une reprise de Bonnie Tyler, "Holding out for a hero", ou encore lorsque l’Âne et le Chat Potté se déhanchent pour clore le film sur "Livin' la vida loca" de Ricky Martin, aux situations et chutes inattendues liées aux caractéristiques physiques ou psychologiques des personnages, les réalisateurs ne laissent aucune trêve aux spectateurs. Décalé et délicieusement parodique ("Spider-Man", "Mission Impossible", "Alien", les grands classiques Disney
), "Shrek 2" offre sur 90 minutes un festival de fous rires ininterrompus. Malheureusement, il semble désormais impossible d'échapper à l'humour scatologique qui nous a envahi depuis "Mary à tout prix" des frères Farrelly. Pets et rots sont de la partie (avouons cependant que le contexte s'y prête), mais est-il nécessaire aujourd'hui de faire des bruits incongrus pour faire rire ? Couplée à cette narration déjantée, la re-présentation des personnages se fait au moyen de vignettes, de clichés, qui reprennent la suite immédiate du premier film : le mariage des deux "monstres". Fiona, Shrek, l’Âne, mais aussi le loup, Pinocchio, l'homme en pain d'épices et le Miroir sont de retour et n'ont donc plus besoin de présentation. Le faible temps gagné est alors consacré aux incroyables nouveaux protagonistes (la Bonne Fée, le prince Charmant, le Chat Potté
) qui, à travers l'utilisation de stéréotypes modernes, sont exhibés comme des figures victimes de leur légende. Le prince Charmant pourrait faire de la publicité pour une célèbre marque de shampoing, le Chat Potté est immédiatement assimilé à un Zorro moderne... Ainsi les présentations faites sous forme d'images contemporaines et parodiques s'offrent-elles plus comme des gags et moins comme des expositions de personnages. Le temps et le rythme se montrent alors comme les éléments moteurs du film. Paradoxalement, cette construction syncopée met en lumière le défaut majeur de ce film d'animation : le fond. Le scénario, bien que sympathiquement ficelé, manque un peu d'épaisseur et semble, par moment, passer au second plan. Rien de bien dramatique puisque le but du film est clair : faire rire toutes les trente secondes. Néanmoins, là où les studios Pixar utilisent l'humour par pointes, "Shrek 2" fait de ses gags le moteur narratif. Si "Shrek" premier du nom utilisait un schéma structurel inspiré des contes, ce nouvel opus imagine les conséquences liées au désordre laissé en suspens par le premier volume. En épousant Fiona, Shrek ignore les effets et les "déséquilibres" qui vont découler de ses actes à travers tout le royaume des contes de fées. Le prince Charmant est célibataire, ce qui désole sa mère, la belle-famille du monstre se remet difficilement de ce surprenant mariage, et la fin traditionnelle ("Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants") est mise de côté en attendant le dénouement de cette nouvelle folie. Plus encore, c'est au travers de ce monde de perfection que le film trouve sa voie. Il y est question d'image, de soi, des autres, de celle que l'on donne, de celle que l'on voudrait donner, de celle que l'on reçoit... "Shrek 2" est un film sur les apparences. C'est une belle leçon qui est véhiculée, même si elle reste secondaire face à la déferlante de gags. L'aspect monstrueux du couple est au centre des discordes. Si l'ogre est en permanence comparé au prince charmant, si l'ogresse, ex-belle princesse, est reniée au départ par sa famille, si l'âne se rêve étalon, c'est avant tout parce qu'au royaume des histoires magiques les personnages moches sont méchants et que les gentils sont tous beaux. La dictature de la beauté est au centre du film et lui donne sa profondeur. La satire s'impose... Techniquement, le film est très bon. Les idées graphiques sont puissantes, originales et les textures sont très réalistes. Les codes couleurs sont parfaits, allant des teintes terre, ocres et vertes pour le marais des ogres, à des colorations chaudes et soutenues en alternance avec des tons pastel pour le royaume de Fort, Fort Lointain qui rappellent les décors d'un parc d'attractions célèbre et l'univers fantasmé des royaumes enchantés. Mike Meyers, Cameron Diaz et Eddie Murphy reviennent donner vie à leurs personnages respectifs, et la galerie des protagonistes s'enrichit des performances vocales de Julie Andrews (la reine Lillian), John Cleese (le roi Harold), Rupert Everett (le prince Charmant), Antonio Banderas (le Chat Potté), et surtout Jennifer Saunders en exubérante Bonne Fée. La qualité du doublage est probablement l'élément déterminant du succès de ce film. Le choix des voix est pertinent et les interprétations offertes sont de grande qualité. Dans ce second volet, devenus de jeunes mariés, Shrek et Fiona rentrent de leur heureuse lune de miel. Ils sont invités par les parents de Fiona à venir dîner dans leur royaume, à Fort Fort Lointain. Mais ils ne se doutent pas que leur fille est devenue une ravissante ogresse… Ce mariage met par ailleurs en péril l’avenir et les projets les plus secrets du Roi… Le retentissant succès de "Shrek" n’a pas fini de faire parler de lui. En 2004, soit trois ans seulement après la sortie du premier film, sort une suite au scénario inédit, la première pour un long-métrage DreamWorks. Toujours mis en scène par Andrew Adamson (accompagné désormais de Kelly Asbury et Conrad Vernon), à nouveau interprété par Mike Myers, Eddie Murphy et consorts, "Shrek 2" va encore plus loin que son prédécesseur pour une aventure hautement extraordinaire… Difficile de faire mieux que l’original ? Pensez-vous… Si le premier film ne conservait que peu de choses du roman original de William Steig, cette séquelle n’en fait même pas allusion une seule seconde, se concentrant sur les merveilleuses nouvelles aventures de Shrek, sa récente épouse ogresse Fiona et leur compagnon l’Âne, maintenant prêts à affronter le plus redoutable des dangers : la présentation de l’ogre aux beaux-parents ! L’histoire principale est également doublée d’un nouvel ennemi insoupçonné en la personne de Marraine la Fée, bienveillante protectrice de Fiona et acolyte secrète du Roi qui souhaitait à l’origine marier la fille du roi à son imbécile de fils Prince Charmant (sûrement l’un des personnages les plus inventifs créés pour la saga). D’un commun accord avec le Roi, cette marraine enchanteresse va échafauder un terrible plan pour empêcher Shrek d’être le nouveau prince du royaume… Et si le méchant Lord Farquaad n’est plus, c’est pour laisser la place à de nouveaux personnages inédits à mourir de rire et d’affection. Le point fort de ce deuxième opus est sans aucun doute le Chat Potté (traduction ratée de la part des doubleurs français mais qu’importe) : matou intrépide à l’accent espagnol langoureux et aux manières gracieuses, il conquit immédiatement le spectateur grâce à sa prestance inoubliable et ses gros yeux attendrissants. Viennent ensuite Marraine la Fée, une businesswoman excentrique bien loin de ce qu’on avait alors à l’esprit, et son fils Charmant, véritable chevalier stupide au possible. Et n’oublions également pas les anciens personnages tels que Ti'Biscuit, Pinocchio ou encore les trois Petits Cochons dont les rôles sont ici bien étoffés. On a des références à n’en plus finir car "Shrek 2" est sans aucun doute le film Dreamworks contenant le plus de références (aussi bien cinématographiques que culturelles). Nous pouvons même nous amuser à toutes les repérer ! Que ce soit des références flagrantes comme la bague de mariage échappant du doigt de Shrek ("Le Seigneur des Anneaux"), le fameux baiser sur la plage écumante de "Tant qu’il y aura des hommes", la scène de la douche de "Flashdance" et celle du Chat Potté sortant de la veste de Shrek ("Alien") ou alors d’autres plus subtiles comme le "Je hais les lundis" de "Garfield", l’arrestation de nos héros façon "Cops" (la célèbre émission de télé réalité américaine) et une flopée de marques ici bien pastichées. De plus, Dreamworks s’attaque de plus belle à son rival Disney et, non content de l’avoir déjà bien égratigné avec le premier volet, enfonce ici le clou en parodiant ouvertement des dessins animés cultes comme "La Petite Sirène", "Pinocchio" ou encore "La Belle et la Bête". Irrévérencieux, hilarant et détonant, cette suite de haute volée est une totale réussite nous faisant presque oublier le premier opus tant tout ici est doublé avec brio. Les nouveaux personnages sont réussis, le scénario est plus trépidant, l’humour fracassant et l’animation encore plus belle. Impossible donc de rester de marbre devant un tel déluge de gags et de séquences d’action époustouflantes, "Shrek 2" étant encore aujourd’hui l’un des meilleurs longs-métrages de la firme américaine, que les deux autres suites ne sont pas parvenues à détrôner. Une parfaite suite ! On passe un meilleur moment alors que le premier opus mettait déjà la barre très haute ! Les situations sont encore plus hilarantes, cocasses, originales ! L' ajout du Chat Potté ne peut être qu'un plus pour la suite. Le scénario est toujours aussi magique et entraînant. Plus fort, plus drôle, plus mouvementé et plus irrévérencieux que jamais, "Shrek 2" est ce que l’animation a su proposer de meilleur. Quand les enfants riront des facéties de l’Âne et du nouveau venu Chat Potté, les adultes, eux, riront aux éclats en voyant un nombre hallucinant de références et des répliques faisant constamment mouche. L’exemple à suivre de la séquelle supérieure à l’originale. Par ailleurs j'ai beaucoup aimé la bande originale de ce film, très rythmée, magique, inoubliable, définitivement culte. Le meilleur moment du film reste le climax final, qui est l'un des plus beaux et des pus grandioses, bref l'un des meilleurs que j'ai pu voir dans un film d'animation, tous studios confondus. Ce film est une réussite et son succès commercial et critique montre la place que commence à s'octroyer l'animation 3D. Même si c'est au détriment des anciennes techniques d'animation, les films infographiques arrivent à trouver leur place sur le marché cinématographique actuel. Si Pixar avait ouvert la voie, Dreamworks/PDI ne compte pas se laisser distancer. Plus encore qu'un succès d'estime, le film est une réussite artistique grâce à ses qualités visuelles, narratives et son ton irrévérencieux et cruel qui vise, majoritairement, les adultes. A voir impérativement pour ceux qui ont aimé le premier film, car cette suite est l'une des meilleures suites qui aient jamais été données à un film d'animation, tous studios confondus