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calamarboiteux
28 abonnés
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4,0
Publiée le 10 mai 2007
Nada est un film très marqué par son époque, époque qui avait vu se développer, dans le prolongement de mai 68, un mouvement gauchiste conséquent et protéiforme. Le style assez "distancié" procède de la Nouvelle Vague, à laquelle Chabrol participait. La description du groupuscule "Nada" est faite sans concession, de même que celle de pouvoirs publics dont le cynisme est inquiétant. Un jeu d'acteur excellent, un découpage dynamique complètent ce témoignage fidèle au roman de Manchette.
Chabrol renvoie dos à dos l'état et les gauchistes "machoires du même piège à cons" et en profite pour s'essayer au film d'action. Hélas le coté diléttante du réalisateur vient souvent gacher la fête avec quelques passages dignes des meilleurs navets, heureusement le casting et les coups d'humours railleurs remontent largement le niveau.
Thriller politique de Chabrol. Un groupe de gauchistes décident d'enlever l'ambassadeur américain à Paris. Ils réussissent au prix de plusieurs morts et se réfugient dans une ferme. Vite repérés, la police encercle la ferme et tue tout le monde, sauf un, qui se vengera sur le policier responsable de l'assaut. C'est un assez bon thriller que réalise là Chabrol. Un film qui n'a pas trop vieilli. Les motifs des gauchistes sont explicités et ceux-ci sont présentés comme des idiots utiles au pouvoir en place. Filmé à l'époque des Brigades rouges et d'Action directe, Chabrol montre bien l'inanité de l'idéologie des gauchistes, et dénonce la violence parfois aveugle de la répression policière. Une réalisation très efficace, sans temps mort, avec de bons acteurs. Mais l'ensemble est néanmoins un peu trop caricatural surtout du côté policier. Et la fin est peu crédible...
"Nada" est une farce, une farce tragique si l'on en juge, au-delà d'un certain ton de dérision adoptée par Chabrol, spoiler: par la violence dramatique dans laquelle se dénoue ce fait divers du terrorisme. L'enlèvement de l'ambassadeur américain dans un bordel parisien (!) par un groupe d'extrême gauche met face à face un commando mu par son utopie révolutionnaire et de hauts fonctionnaires, grotesques, de l'Etat français. La lutte est vaine, comme un jeu de dupes, semble dire Chabrol, où la forme d'action des premiers, déjà compromise par un certain amateurisme et quelques dissensions idéologiques, parait dérisoire et rencontre l'implacable châtiment des seconds dans une sorte de routine du terrorisme. spoiler: Un statu quo prévisible sanctionnera le rapt du diplomate américain mais n'aura fait, d'un camp à l'autre, que des victimes.
Film à thèse, intrigue à suspens,"Nada" expose ironiquement l'action irréaliste et vaine de l'extrême gauche contre un Etat sans foi ni loi. Le sujet aurait pu faire l'objet d'une comédie; cependant, l'approche satirique de Chabrol ne veut pas éluder la gravité des faits. C'est pourquoi on suit avec un certain intérêt cette chronique ordinaire du terrorisme politique qui sait, par moments, être rigoureuse.
"Le terrorisme étatique, le terrorisme gauchiste, quoi que leurs mobiles soient incomparables, sont les deux mâchoires du même piège à cons, l'Etat préfère encore le terrorisme que la révolution (...) et c'est le piège dans lequel je suis tombé, et cela m'emmerde bien" Les paroles que Chabrol prête à son personnage: le terroriste Buenaventura Diaz, dernier survivant du groupe NADA illustre bien les dilemmes qui règnent au sein des parties impliqués durant cette époque ou "années de plomb", des années septante. Un bon film ou le réalisateur associe action et critique acerbe de l'Etat. Le scénario du film illustre bien le "je m'en foutisme politique" et la cruauté de l'Etat policier incarné par le commissaire Goémon. Un film qui n'a pas vieilli, bien au contraire.