Ca me gêne, croyez-moi, de donner seulement 3.5 étoiles à ce film qui mériterait au moins une demi-étoile en plus, mais après avoir vu (et revu) aussi bien ce film que les deux films de Berri sortis en 1986 (et qui se basent sur le doublé de romans écrits par Pagnol après qu'il ait réalisé son film, car à la base, c'est un scénario de film que cette histoire, qui fut transformée en roman), force m'est de constater que la version originale, ce long film de 1952 réalisé en deux parties, est inférieure à celle de Berri. D'abord, Jacqueline Pagnol (femme de Pagnol), qui joue Manon, n'est pas super convaincante, entre son sourire "ultra brite" perpétuel et sa coupe de cheveux de Parisienne (sans parler de sa gouaille qui fait plus parigote que provençale), elle peine à convaincre qu'elle a quelque chose à venger. Ensuite, le ton général du film, assez humoristique parfois, au détriment de la noirceur (assez atténuée, donc) de l'histoire.
Quand Ugolin finit par se pendre, un des personnages dit quelque chose comme les arbres donnent des fruits curieux, cette année, ce qui est assez léger, compte tenu de la gravité de la situation.
Le personnage du Papet n'est ici qu'un personnage secondaire sans grande importance, seul Rellys, dans le rôle d'Ugolin, tire clairement son épingle du jeu, pas la peine de voir où Daniel Auteuil ira chercher son inspiration pour son interprétation du rôle dans les films de Berri.
Bon, après, il faut aussi reconnaître que le film, pour son époque, a vieilli, c'est normal, mais reste hautement fréquentable, et est même sans aucun doute une des réussites (tardives) de Pagnol. Il conserve un charme évident. C'est certes long (3h20 ; en deux parties, certes, mais 3h20 quand même ; après, les deux films de Berri sont, à eux deux, plus longs encore...mais semblent plus courts), mais il fallait bien ça pour aborder une histoire pareille, même si ce n'est ici qu'un brouillon de ce que deviendra "L'Eau des Collines" (titre du diptyque romanesque).