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Fêtons le cinéma
695 abonnés
3 021 critiques
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5,0
Publiée le 22 février 2019
En compagnie de Bruno Ganz nous errons dans la ville nacrée où l’espace et le temps se trouvent sans cesse redessinés au gré des égarements de notre protagoniste principal. L’homme de la mer reconnaît son instabilité fondamentale : à l’étroit dans sa cabine, écrasé par l’infini lorsqu’il en sort et contemple l’étendue aqueuse l’enveloppant. La ville fonctionne de la même manière et, ainsi, le surprend : là où régnait, au début, une certaine forme de routine, ne demeure plus, à terme, qu’un éparpillement de figures, de sensations, de bobines capables d’engloutir cet homme égaré qui ne sait où il va. Alain Tanner refuse la dramaturgie et laisse libre cours au hasard : il prend le parti génial de filmer des temps morts, interrogeant notre rapport au mouvement et à la signification de ce dernier. La vie n’est qu’un rideau rouge-passion qui volette au vent, laissant entrer des halos de lumière. Ici les corps s’assemblent et se défont à mesure qu’une philosophie de la vacuité de toute chose prend le pas sur l’ambition d’une réflexion didactique sur l’homme. Et que le cinéma sublime. « Je suis sur une usine qui flotte avec des fous », s’exclame Paul au comptoir. Avec Dans la ville blanche, Tanner invente le huis clos balayé par les vents entre un être et une ville qui constitue, elle-même, un personnage à part entière. Extraordinaire.
J'adore ce film du suisse Alain Tanner, qui raconte l'errance existentielle d'un marin mécano dans une Lisbonne à la fois âpre, mystérieuse et sensuelle. Le héros est là, entre deux ports, deux amours même : une femme en Allemagne, a qui il écrit et une autre, serveuse dans le bar-hôtel ou il crèche. Et il se pose des questions, va au hasard des rencontres, filme des bouts de rue avec sa caméra super 8... Contemplatif et introverti, "Dans la ville blanche" invite à un sentiment d'abandon comme peu de films savent le faire. Chez Alain Tanner il est souvent question de personnages perdus, en apatride, entre deux pays, en déséquilibre sur des frontières physiques ou émotionnelles. C'est particulièrement le cas ici ou Bruno Ganz incarne à merveille ce marin désenchanté qui ne cherche qu'à se perdre pour se retrouver... Un très beau film.
J 'avais vu "dans la ville blanche " au moment de sa sortie en salle, en 1983. Les critiques ne lui étaient pas toujours très favorables et je me souviens parfaitement avoir transgressé la doxa, lorsque je m'étais laissé guider par le thème et par une bande annonce qui m'avait laissé supposer que ce film pourrait me plaire. Et je ne me trompis pas. Ce fût pour moi le meilleur film de cette année là. Presque quarante ans plus tard, je profite d'une ressortie en salle en version restaurée pour le revoir. Je dois admettre que si je trouve le film formidable, envoûtant , sorte de clef qui ouvrirait les portes du royaume de la rêverie et de l'errance, je trouve aujourd'hui "dans la ville..." une coudée en dessous de l'effet que j'avais ressenti lors de sa sortie. Il n'en reste pas moins un très bon film. En quelques mots, un marin de la marchande, profite d'une escale à Lisbonne pour "déserter ". Il en profite pour ne rien faire et se retrouver. Il rencontre une jeune serveuse. Pendant ce temps, sa femme avec laquelle il entretient une correspondance l'attend à Zurich. Bruno Ganz ( récemment disparu) acteur fétiche de Wim Wenders dans les années 70 et 80, trouve ici un de ses grands rôles. "Dans la ville blanche " séduira particulièrement tous ceux qui un jour sont partis seuls en voyage dans un lieu où personne ne les attendait. C'est un film dont la thématique trouve quelques correspondances avec "Nomadland " sorti récemment. Selon moi le film de Tanner est largement supérieur. Tanner réussit à mes yeux la ou échoue Zhao . Tanner sait en effet filmer les silences. Chez lui, l'absence de dialogues, provoque chez moi une émotion la ou Zhao ne distille que l'ennui. Les amateurs de films d'arts et essais ne se priveront pas de le voir. Par contre, reconnaissons que les aficionados exclusifs de blockbusters et de jeux vidéo feront mieux de passer leur chemin.
Pénible. Eloge de la vacuité, de la déchéance progressive et de l'absence de sens humain. Deux êtres (Paul et Rosa) chacun dans son monde, une brève rencontre charnelle et aucun sentiment. Et quel mépris de Paul pour son épouse ... Et les images en super 8 de piètre qualité, insérées dans le film, ne rendent aucun service, ni au film, ni à la pauvre Lisbonne.
Superbe film ou rêve et réalité se mêlent et où le spectateur se perd dans les meandres poetiques des vieilles rues de Lisbonne.Alain Tanner nous présente une oeuvre ou le temps semble être suspendu ou ces héros paraissent dans l'attente d'un autre chose qui visiblement leur glisse entre les doigts.Bruno Gantz est fabuleux, tour à tour désinvolte et torturé, fiévreux et assagi il porte sur des épaules une oeuvre qu'i vous laisse un goût de mélancolie dans la tête.
J'ai retrouvé avec émotion Alain Tanner découvert avec la Salamandre dans les années 70. Avec La ville blanche il propose un drame réaliste et poétique d'une homme qui cherche du sens à sa vie en s'attachant à 2 femmes, l'une à Zurich à laquelle il écrit régulièrement -la vie au temps sans smartphone- et l'autre serveuse à Lisbonne qu'il perd finalement faute d'assurer ses responsabilité d'individu autonome. Bruno Ganz est tel qu'en lui-même dans un quête permanente qui fait de lui un acteur singulier auquel on s'attache. Le film donne aussi à voir la ville de Lisbonne au plus près en dehors des clichés,