Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
VERTIGO
3 abonnés
157 critiques
Suivre son activité
5,0
Publiée le 6 décembre 2024
Film humaniste, pacifiste, très imaginatif, très créatif dans l'histoire, respectueux de la mémoire des morts tout en pensant aux vivants et survivants. Pas du tout guerrier ou nationaliste. Ce film rappelle que cette guerre qu'on appelle Grande a d'abord été une grande boucherie entre hommes qui ne se haïssaient pas et qui ont parfois préférer déserter plutôt que de tuer ou d'être tué au risque d'être repris et fusillé pour l'exemple. Bref un film qui montre l'horreur de la 1ère guerre mondiale entre des peuples européens qui ne l'ont pas vraiment décidée eux-mêmes. OUi un très grand film fondamentalement optimiste mal gré ces millions de morts.
Une fois pardonnée l'influence du muet dans les quelques annonces musicales redondantes et surtout le jeu emphatique de Philips Holmes, on peut se laisser entraîner dans cette histoire qui déploie ses thématiques au fil du récit, débutant telle une intrigue de rédemption et de culpabilité où foi et patriotisme vacillent pour épouser les contours d'une histoire d'amour aux accents pathétiques tout en suivant le deuil impossible d'un père, d'une famille, d'une nation par la quête d'une substitution symbolique aux absents. Pudiquement touchante lorsqu'entre en scène l'excellent Lionel Barrymore ou que s'exprime la fiancée au bonheur doublement sacrifié, cette adaptation surpasse largement celle d'Ozon. Percutant.
Non, mais c'est pas possible, j'hallucine une fois de plus... comment peut-on être aussi naïf et pétri d'angélisme béat pour ne pas voir que ce film n'a strictement rien à voir avec un message pacifiste. Bien au contraire, il entretient sournoisement la haine et les sentiments revanchards entre les belligérants. Quelle personne intègre et impartiale peut légitimer cette fable profondément immorale ? Je m'explique : Un soldat assassine un ennemi désarmé puis, soi-disant pris de remords, va rendre visite aux parents de ce dernier en se faisant passer pour un ami de leur fils. Enfin, non content d'avoir berné tout le monde par ses mensonges, il n'hésite pas à séduire la fiancée de la victime. Et, point d'orgue de cette vilénie, il réussit à s'imposer comme "remplaçant" du fils décédé en exploitant la détresse affective des parents. C'est en fait la stratégie du coucou qui va pondre dans le nid d'une espèce plus petite. Le poussin parasite vivra aux dépens du couple de volatiles qui l'ont adopté et éjectera du nid les poussins légitimes dès qu'ils auront éclos. On est déjà un peu choqué quand on observe ce type de comportement dans la nature, mais quand un humain fait de même n'est-ce pas franchement ignoble ? Qu'on ne vienne pas me dire que c'est une coïncidence si Lubitsch a donné à ce parasite le nom de Renard ! Je n'accepte pas non plus qu'il ait fait endosser à un de nos "poilus" ce rôle honteux. (Les Français avaient encore le sens de l'honneur à l'époque.) Il aurait pu laisser entendre par exemple qu'un membre de sa famille avait réalisé cet exploit, c'eût été à la fois plus honnête et plus crédible. Connaissant le parcours de ce cinéaste opportuniste on comprendra aisément ses motivations véritables en réalisant cette fiction absolument machiavélique. Nul besoin non plus de la soumettre à une fine critique dialectique tellement les ressorts de l'intrigue paraissent évidents. Lubitsch ayant quitté l'Allemagne (où il jouissait pourtant d'un succès enviable) est allé se donner à Hollywood pour des raisons bassement carriéristes et lucratives. Il savait évidemment qu'il passerait pour un traître, un transfuge, s'il tentait de réintégrer son pays d'origine, mais loin d'accepter cette situation qu'il a lui même provoquée il a imaginé ce scénario revanchard en s'identifiant à ce personnage d'un cynisme ignoble. Pas étonnant que ce film ait été bien accueilli aux U.S.A. où magouilles, bassesses, loi du plus fort et hyper violence sont un art de vivre. Avec l'extermination totale des Amérindiens ils détiennent fièrement le record du pire génocide de l'histoire de l'humanité mais se permettent de faire un procès à ceux qui ont tenté de les imiter. On pourrait encore citer les atrocités récentes au Vietnam et le soutien systématique des régimes autoritaires qui leur sont dévoués. Quand les nations civilisées leur feront-elles rendre gorge ? (Petite digression dans l'optique "devoir de mémoire.) Il semblerait que F.Ozon se soit senti, lui aussi, obligé de remettre les pendules à l'heure avec son remake "Frantz" où les motivations des personnages et le twist final paraissent fort différents. ( voir ma critique)
Un chef-d'œuvre ! Ce film est d'une puissante humanité. Le remord et la peur sont transfigurés en amour. Un film positif qui peut faire grandir l'humanité du spectateur réceptif.
Le mensonge doit être terrible pour celui qui a fait tout ce voyage pour expier sa faute et qui se met à avouer que lorsqu'il l'a vu pour la dernière fois il "s'amusait bien". Tragique ironie de la part de cet homme torturé par son acte de mort. Ironie également sa présence qui apporte la vie et la gaieté dans la maison alors qu'elle aurait dû apporter la tristesse et terrible aussi le tourment du regret auquel s'ajoute celui du mensonge face à un amour qu'il ne mérite pas. Superbe film bouleversant sur les tourments de l'âme et la vision de la mort. Lubitsch nous livre un drame intimiste qui se passe dans un lieu presque clos où les personnages sont attachants et jouent presque comme un film muet.
Lubitsh nous pond un mélo. Alors évidemment c'est du Lubitsh avec ce qu'il faut de savoir-faire, d'humanisme et d'élégance, n'empêche que c'est un mélo avec un acteur principal qui en fait des tonnes. Et puis malgré le fait qu'il ne se passe pas grand-chose, le film est elliptique. Reste quelques plans magnifiques (l'ouverture), des scènes magistrales (l'entretien avec le curé, le banquet des anciens, la rumeur qui se propage…)
Sur un sujet aussi difficile à traiter, voir impossible pour l'immense majorité des réalisateurs, Lubitsch a produit un chef d'oeuvre de l'art cinématographique. Ce qui est merveilleux avec Lubitch c'est qu'il ne déçoit jamais la confiance qu'on lui accorde une fois passées les vingts premières minutes de ses films. On s'y sent plus que bien, sans aucune crainte d'une faute de goût, tant dans la pudeur que dans le respect des sentiments. Dans ''l'homme que j'ai tué '' le film avance pas à pas sans la moindre faute de rythme, nous attendons longtemps le coup de sonnette et nous sentons que la révélation des faits, si elle a lieu, se fera seule à Elsa dans la chambre de Walter. Quelques séquences nous font sourire comme celle qui décrit la rue lorsque tous les villageois y jettent des regards curieux au passage du couple ou celle de la tournée des bières qui de 8 passent à 1. La réalisation du début, avec les plans successifs des postures des soldats dans l'église, est une vraie profession de foi antimilitariste pour les spectateurs qui savent ce qu'une mise en scène veut dire. Les acteurs sont tous irréprochables, Paul dans son drame intérieur ne pouvant pas en faire moins. Mais une mention particulière doit être accordée à Nancy Carroll, pleine de grâces, le plus beau personnage de cette histoire hors du commun qui témoignera une fois encore que la femme est l'avenir de l'homme. Ce très grand film mérite 6 étoiles, c'est assurément le plus admirable drame de tous ceux que j'ai vu qui ont défendu la paix quelques en soient les sacrifices à faire. Rien n'est plus intellectuellement parfait que de raconter de cette manière une histoire, certes improbable, mais qui aurait pu arriver à n'importe lequel d'entre nous en d'autres temps et d'autres lieux.
"L'Homme que j'ai tué" est le seul film parlant entièrement dramatique d'Ernst Lubitsch, ce qui est une très bonne raison de s'y arrêter ; bien que le fait que le film a été réalisé par Ernst Lubitsch tout court suffit déjà amplement à le regarder... Le film est loin d'être parfait. Philips Holmes en fait des tonnes en type pétri de remords, ce qui contraste fortement avec les interprétations sobres, subtiles, excellentes et émouvantes de Lionel Barrymore et de Nancy Carroll ; et puis ensuite le film est trop court pour pouvoir bien développer l'histoire d'amour naissante entre le personnage joué par Holmes et celui de Carroll. Mais il est cependant absolument admirable pour son message profondément pacifiste. La séquence dans le restaurant où un notable fait preuve d'un nationalisme germanique exacerbé (montrant que le cinéaste avait malheureusement très bien saisi l'air d'un temps qui portera Hitler au pouvoir l'année suivante !!!) pour se plaindre ensuite au serveur qu'il n'y a plus de goulash, plat pas franchement allemand, est du pur Lubitsch ; la scène qui suit avec le discours anti-belliciste du personnage joué par Lionel Barrymore où il met des bourgeois, n'ayant pas retenu la leçon de la Première Guerre Mondiale et de la perte de leurs enfants, face à leur médiocrité et leur responsabilité achève d'enfoncer le clou. "L'Homme que j'ai tué" est un film imparfait mais il est néanmoins très précieux.
Beau et grand film qui commence par une des images les plus fortes de l’histoire du cinéma (le défilé de la victoire vu grâce à l’espace laissé dans la foule par l’absence de jambe d’un invalide de guerre s’appuyant sur une béquille). Film sur le souvenir, sur la vengeance et le pardon, film idéaliste à une époque où on ne pouvait que l’être, film sur le rapprochement entre les peuples et la grande fraternité humaine, film sur l’amour universel et triomphant de tout. Le tout filmé avec la « Lubitsch Touch », ce mélange de gravité et de légèreté, cette grâce infinie et si douce… Un petit bijou d’esthétique et de sensibilité.
Un soldat français ayant tué un soldat allemand est hanté par son souvenir. Ne trouvant pas de réconfort en Dieu, il ira rechercher la famille de cet homme... pour finalement prendre sa place. Sujet grave et périlleux, le style a vieilli, la mise en scène est théâtrale, le sentiment antimilitariste bien appuyé avec une très belle scène de soldats recueillis à Notre-Dame pour fêter le 1er anniversaire de l'Armistice... et la caméra qui s'attarde sur toutes ces épées étincelantes et prêtes à resservir! Un film trop optimiste compte tenu de la suite des évènements mais courageux pour l'époque. A découvrir.
Tourné au milieu de l'entre deux guerres, "L'homme que j'ai tué" est un des film les moins connus d'Ernest Lubitsch. Sortie plusieurs fois sous différents titres, le film n'eut jamais aucun succès commercial. Son sujet n'y est surement pas pour rien, car avec ce film Lubitsch tente naivement d'apaiser les rencoeurs subsistentes de la première guerre mondiale alors que le contexte politique de l'époque entretenait plutôt ces tensions. Alors que l'on est en 1932, Lubitsch fait déjà allusion à une future guerre possible dès le début du film avec Lionel Barrymore incitant un jeune garçon à entretenir sa haine des français. Le public encore touché des horreurs de la guerre n'était surement pas prêt à accepter un discours aussi pacifique; il aurait pourtant fallut, on connait la suite de l'Histoire... Aujourd'hui le film passe pour un sommet du cinéma humaniste. Même s'il n'évite pas toujours quelques lourdeurs, il reste un film à redécouvrir.