Directrice d'une agence de photographies de mode, Suzanne quitte Stockholm pour Göteborg, dans le but d'y faire un reportage. Elle est accompagné de Doris, une jeune mannequin de son agence.
C'est avec justesse et réalisme qu'Ingmar Bergman dresse ces deux portraits de femmes qui s'entrecroisent. Quand l'une rouvre un chapitre de son passé qu'elle pensait clôt, l'autre découvre un nouvel admirateur. Les premières scènes nous emmènent dans le milieu de la mode où, dès ce début, le réalisateur suédois met en scène l'illusion de la vie et l'importance de l'apparence.
Alors, le petit reproche que j'aurais à faire à "Rêves de femmes", viendrait que les deux portraits sont assez inégaux. Si celui de Doris est aussi intrigant que riche et touchant, celui de Suzanne paraît moins puissant et même intéressant, sans pour autant que ce soit préjudiciable pour apprécier le film. Bergman va à l'essentiel et c'est avec dramaturgie, émotion et fragilité qu'il nous fait vivre ces deux tableaux. Il met ses personnages face à la solitude, l'amour et sa perception et tout simplement la vie, sans lourdeur ou exagération, mais ce qui peut paraître comme des petits aléas ou le sentiment, ou non, d'être passé à côté d'un élément important.
Toujours juste dans l'écriture, Bergman se permet d'apporter quelques touches de légèretés au récit et laisse planer l'ambiguïté sur les enjeux et personnage, notamment le vieillard. Il sait prendre son temps lorsqu'il le faut et plusieurs scènes sont assez remarquables à l'image de l'introduction ou de la séquence chez l'homme plus âgé où Bergman montre toute sa maîtrise derrière la caméra. Bénéficiant d'une belle photographie en noir et blanc, il nous transporte au cœur de Göteborg et dévoile tous ses talents de directeur d'acteurs où la belle Eva Dahlbeck donne un sentiment de mélancolie à son personnage et la ravissante Harriet Andersson une fraîcheur, une insouciance et une élégance rare au sien.
Bergman dresse deux portraits de femmes où elles vont se retrouver face à la vie, sa violence, sa simplicité et ses aléas, ne manquant ni d'intérêt, ni d'émotion.