C’est du cinéma d’intellectuel engagé (à gauche), du cinéma contestataire d’un ordre établi (social, économique, sexuel), du cinéma original, libre et plein d’esprit (anar). Ça ressemble un peu à du Godard mais en moins conceptuel, plus accessible et sympathique. Même si le fond est pétri de désillusions post-soixante-huitardes et d’inquiétudes sur la marche du monde, libérale et capitaliste (aux résonances toujours très actuelles), il y a aussi une certaine légèreté, beaucoup de fantaisie, de la tendresse – bordel – et une once d’espoir incarnée par la naissance de Jonas, le fils de deux des personnages du film. Il est question, tous azimuts, de l’inflation et de la récession, de la liberté et de la servitude, du temps et de l’histoire, de la propriété et du vol, des voies alternatives en matière d’éducation et de sexualité… Libre sur le fond, le film l’est aussi sur la forme, avec ses passages en noir et blanc dans un ensemble en couleurs, avec ses monologues à thèse, ses dialogues pleins de vivacité et parfois de malice, et ses chansons !
Autre aspect (probablement anecdotique) du côté ludique de ce film choral joyeusement désenchanté : les prénoms des huit personnages principaux commencent tous par les deux mêmes lettres (Ma).