Décidément, Schrader réussi sans difficultés à me surprendre et me fasciner. Ici, par dessus tout, j'ai été scotché de la première à la dernière minute. J'ai adoré. Auto Focus démarre en 1964, à Los Angeles, et nous conte à partir de ce moment là, l'odyssée, de l'ascension à la vertigineuse chute, d'une star de série télé (merveilleusement interprétée par Greg Kinnear, remarquable en tout point), animateur radio et joueur de batterie dans des boîtes de striptease à ses heures perdues. Le hic, c'est qu'il est dangereusement accro au sexe. Bien qu'il arrivera à taire son addiction et la cacher à sa femme pendant plusieurs années, c'est à la suite de sa célébrité naissante et d'une rencontre par dessus tout (celle de Willem Dafoe, aussi intense qu'inquiétant) que celle-ci ressortira. Celui qui au début se définissait comme un "likable guy", un mec sympa, va voir très vite son comportement changé et ses relations se détériorées. Son amour du sexe et des formes (particulièrement des nichons) va lui coûter cher, car dans l'Amérique puritaine et pudibonde, ce genre d'excentricités ne pardonnent pas. On suit donc, de minute en minute, la dégringolade d'un homme ne voyant aucun mal à exhiber ses goûts devant une Amérique médusée. Le cinéaste traite par ailleurs de nombreux thèmes intéressants, comme du milieu de la célébrité, de ses vices, des débuts de la vidéo, de la passion/fascination que l'on peut éprouver en quelque chose, la destruction que cela suscite etc. Et tout cela, il le réalise brillamment. Il serait facile de taxer Auto Focus de moralisateur, alors que pour moi, c'est justement ce moralisme que Schrader cherche à montrer et dénoncer dans la construction même de son récit. Mais on peu dans un même temps considérer que le cinéaste prend une position légèrement ambigüe. Bref, je trouve ce film passionnant et génialement mis en scène.