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Un visiteur
5,0
Publiée le 16 janvier 2007
Comment ne pas s'attacher à ce personnage?
Le contexte historique ne laisse pas indifférent, la misère dans laquelle vie cette petite famille non plus.
Peut on reprocher à une mère de famille, de chercher à rendre le quotidien de ses enfants plus agréable en tant de guerre et de restriction alimentaire?
Condamnée pour un acte qui est légal aujourdhui, on ne peut que s'émerveiller de vivre en France à l'époque actuelle. Rien que parce que ces histoires de femmes n'ont plus à être. Merci
Une affaire de femmes Rediff. Arte le 03.07.2015 "Travail, famille, patrie" disait-on à l'époque ! Tout aussi ringard que "Liberté, égalité, fraternité", bref des mots qui ne veulent plus rien dire aujourd'hui ! D'habitude, le label "Chabrol" est plutôt un signe de qualité, un encouragement à regarder un film pour moi, mais ici, désolé : comme les devises d'introduction de ce texte, ce film a terriblement et mal vieilli : si on devait mettre en prison aujourd'hui les "faiseurs d'anges", il y aurait moins d'embouteillages sur les routes ! Un témoignage du passé d'autant sinistre mémoire que lugubre. Isabelle Huppert est dans ce film qu'on croirait écrit pour elle, grandiose de talent, émouvante à souhaits, mais François Cluzet n'est pas encore au sommet de son art. Passionnant peut-être jadis, aujourd'hui et maintenant que l'avortement est devenu banalisé qu'on le veuille ou non, je me demande si ce drame ferait encore autant d'entrées dans les salles en 2015 ! Un peu comme Jean Valjean : croirait-on encore Victor Hugo quand il raconte une condamnation au bagne pour avoir volé un peu de pain ? Dépressifs, regardez autre chose ! Et éliminez les passages chantés, à la limite de l'insupportable et superfétatoires ! willycopresto
Dès le début le spectateur ne se sent pas plongé au coeur du quotidien de la France occupée ; à vrai dire, pourquoi avoir centré cette histoire à cette période ? pas d'acte de résistance particulier, pas de gros coup de la part des nazis, rien. Le contexte aurait pu être contemporain. Surtout quand on voit la direction artistique, si mauvaise dans ce film. C'est la France de Vichy mais faite de façon bâclée, aucune recherche dans la décoration, et en plus certains habits et coiffures font plus années 80. Pas de recherche au niveau des acteurs, aucun charisme, rien. La maladresse est présente du début à la fin, que ce soit à l'image ( platitude des cadres, lumières superficielles ) qu'au son ( la post-synchro bien discrète ). C'est bien au scénario ce qui gêne le plus. Le spectateur ne parvient pas à s'accrocher aux personnages, et la fin nous paraît bien dérisoire pour le sort de l'héroïne. Chabrol, à défaut d'avoir un scénario attirant et une mise en scène exaltante, nous fait croire que le film restera dans les mémoires avec ses dédicaces ( "le film est dédié à ses interprètes" ... ). Donc, pour ce qui est du plat et de l'inintéressant, Chabrol a fait fort avec ce film qui se casse la figure dès les premières séquences.
Pas que le film soit mauvais, loin de là, mais j'ai l'impression que Chabrol rate un peu son sujet, enfin je suis un peu déçu, je m'attendais à quelque chose de plus marquant, du moins avec une telle actrice et un tel sujet.
Une des belles réussites de Claude Chabrol. Avec Isabelle Huppert son actrice fétiche il propose le portrait complexe d une femme prise dans l occupation. Une femme qui aspire à un certain confort et à une vie exaltante, qui rejette un mari qu elle n aimait déjà plus et qui revient diminué de la guerre. Une femme dont l envie de liberté ne colle pas vraiment avec la France de Vichy. Je disais un portrait complexe car même si elle est montrée de manière très diverse et parfois sans fard on a du mal à la saisir complètement tant elle échappe aux stéréotypes et c est ce qui rend ce film aussi passionnant.
Quelque part, le film me fait penser prendre à « Belle de jour ». Femme naïve mais fière qui trouver un but à son existence. Ici Chabrol filme une femme qui s’émancipe sans voir le mal dans son activité. Elle devient sûre d’elle tout en perdant pied dans son activité. Mais elle gagne en amour par sa volonté de se sentir utile dans la société de l’époque où les femmes peinaient à affirmer leur valeur. En même temps beau portrait des femmes délaissées et malheureuses avec la touchante scène avec Dominique Blanc et sa résolution encore plus émouvante. Et quelle belle fin avec le « poème de l’amour et de la mort » qui clôt avec une infinie mélancolie ce récit délicat.
Dépeignant habilement le quotidien de Français anonymes sous l'Occupation dans leurs préoccupations et vies intimes, le récit décrit l'époque pétainiste sous un jour cru mais dépourvu de manichéisme. Ainsi en va-t-il de cette héroïne aux airs de Mme Bovary qui se retrouve malgré elle incarnation d'une liberté absolue mais aussi d'un amoralisme opportuniste, au-delà des avortements mêmes qui illustrent chacun une raison différente de recourir à ce système éminemment violent. Face à une Isabelle Huppert excellente d'ambiguïté, le casting se révèle au diapason, d'un François Cluzet esseulé à une poignante Dominique Blanc dont le discours courageux sur la maternité et ses injonctions résume brillamment l'audace du propos. Aussi faussement froide que sa protagoniste, la réalisation sait illuminer ses personnages et les plonger dans l'atmosphère idoine selon leur situation narrative ou émotionnelle, aidée par des dialogues incisifs. Percutant!
Ce long-métrage de Claude Chabrol, sorti en 1988, brosse le portrait complexe d’une femme ayant pratiqué des avortements durant la Seconde Guerre mondiale. Le récit expose les contradictions de cette personne sans scrupule, à la fois portée par une volonté d’émancipation personnelle, un désir d’ascension sociale et un esprit de bonté. Tous ses actes, qu’ils soient calculés ou bien innocents, rendent son personnage autant détestable qu’attachant. Autour de Marie Trintignant et François Cluzet, c’est bien entendu Isabelle Huppert (la muse du réalisateur) qui assure ce rôle difficile mais à sa mesure. Pour dénoncer les paradoxes de cette époque, le régime de Vichy, soutenant les valeurs morales de la famille, se fait sérieusement égratigner. Bref, un film glacial qui utilise le fil du rasoir pour distinguer le Bien et le Mal.
On aurait tort de ne voir dans le film de Chabrol que l'histoire d'une avorteuse condamnée à mort. Car le sujet qu'aborde Chabrol lui permet d'aller plus loin que le fait divers et d'évoquer la condition générale de la femme française en ce début des années 40, sous Vichy précisément. Déjà, le personnage d'Isabelle Huppert nest pas ce qu'il semble être au début du film, une mère courageuse dont le mari est prisonnier en Allemagne.Et surtout Marie Latour n'est pas une héroine particulièrement sympathique ou attachante. Adultère, avorteuse et même maquerelle, Marie est une femme amorale mais -et c'est toute la subtilité du propos- c'est une femme qui, sans en avoir conscience, revendique et gagne sa liberté, précisément parce qu'elle s'affranchit de la morale. Marie est scandaleuse parce qu'elle sort du rôle de femme effacée, de figure subalterne que la société française de l'époque lui impose d'être. Chabrol est doublement subversif en ce qu'il dénonce ce carcan social tout en créant un personnage cinématographique inattendu et anti-manichéen qui prend à contrepied les héroines conventionnelles. Isabelle Huppert est formidable dans ce rôle de femme un peu sotte, presque candide qui n'agit que par instinct, sans réflexion, un rôle qui annonce ceux d'Emma Bovary et de la postière de "La cérémonie" (et qui rappelle Violette Nozière). Le metteur en scène ne porte aucun jugement sur Marie et seule la peine de mort lui inspire un jugement moral. La sobriété de la réalisation, l'authenticité des décors et des personnages garantissent, plus qu'un portrait, une étude de moeurs d'une grande qualité.
Un film courageux et qui doit aussi continuer à faire débat auprès de certaines catégories de personnes aujourd'hui encore ...malheureusement ! . Une interprétation incroyable de Isabelle Huppert le genre de performance qui marque . Un film dur et nécessaire.
Le 9 juin 1943 Marie-Louise Giraud est condamnée à mort par le Tribunal d'Etat institué par Pétain pour juger les crimes politiques. La loi du 15 février 1942 avait en effet qualifié l'avortement de crime contre la sûreté de l'état et la femme Giraud avait avoué en avoir pratiqué 27 : "pour aider, dit-elle". Pétain refuse sa grâce et elle est exécutée le 30 juillet à la Roquette. C'est l'histoire de cette femme, de ses amies et de ses clientes que raconte sobrement Chabrol dans Une Affaire de Femme en 1988. Isabelle Huppert est évidemment parfaite dans le rôle de la faiseuse d'anges à Cherbourg sous l'occupation : nécessiteuse (elle veut mieux pour ses enfants que leur pauvre appartement), ambitieuse (elle veut devenir chanteuse), audacieuse, un peu cynique (elle prend un amant au vu de son mari) tout est bon pour s'en sortir, même les avortements clandestins, même louer la chambre des enfants à son amie prostituée. Marie Trintingant joue cette amie et quand elle est en scène éclipse Isabelle Huppert (à 25 ans elle explose de sensualité). Dans les autres rôles Dominique Blanc, Marie Bunel, Dani : les hommes sont assez nuls, comme dans le scènario, n'en parlons pas. Chabrol - toujours d'autant meilleur qu'il en fait moins - traite sans sentimentalisme de l'Occupation, la condition des femmes et la politique obscène de Laval et Pétain.
C'est le premier film de Claude Chabrol que je vois de ma vie je crois, et je ne suis pas déçu ! Le film a beau se passer durant le régime de Vichy et avoir été réalisé en 1988, c'est dingue comme Une affaire de femmes a des thématiques contemporaines, à savoir le féminisme. Ici c'est représenté à travers le personnage de Marie, une femme qui a compris que les problèmes des femmes ne pouvaient être réglées que par ces dernières. Malgré son côté un peu antipathique, Marie est au final un personnage compréhensible et attachant du fait de sa volonté d'indépendance, et elle suffit à elle seule le visionnage de ce film. Les acteurs y sont vraiment superbes et comme je l'ai dit, ce film n'a pas pris une ride du fait de sa thématique. Un très beau film et à la conclusion très réussie qui vient encore souligner l'injustice que le sort des femmes soit trop souvent donné aux hommes. Je recommande !
Ce film glace les sangs non seulement par l'interprétation assez cynique de I. Huppert mais aussi par la fin tragique dont la montée en puissance semble régler au millimètre près. Cette histoire de femme faiseuse d'anges nous parait tellement anodine aujourd'hui, pourtant c'était considéré comme un pécher immoral il n'y a encore que quelques dizaines d'années. Ce film en décor le retrace très bien, avec tous les personnages secondaires nécessaires à une histoire bien travaillée, comme le mari désabusé et jaloux, le collabo sur de lui, les putes et enfants aussi.
Un film étourdissant, magistralement interprété (notamment par Isabelle Hupert bien sûr), qui nous plonge dans ce contexte à la fois terrifiant et attendrissant d'une famille vivant pendant l'occupation. La très grande subtilité d'un Claude Chabrol, toujours fin observateur des contextes humains dramatiques, nous émeut et nous questionne. Pour moi c'est l'un des films qui résument le mieux la condition féminine pendant cette période d'occupation, et même la condition humaine en général, avec ses contradictions et ses enjeux, ses dérives et ses espoirs, ses horreurs et ses joies... Tout le génie du réalisateur et des acteurs ici se déploie, en nous invitant dans une réflexion humaniste. Un très beau film qui bouleverse, et qui selon moi nous invite à prendre du recul sur l'histoire, à réfléchir sur les évolutions des sociétés, et du droit des femmes ! Je le conseille vivement.