Récemment, j'ai fait référence à "De l'or pour les braves", ou "Kelly's heroes" ( j'ai jamais compris la logique des distributeurs ), dans une critique sur "Les Morfalous", qui, j'estime, possède bien des points communs avec le métrage sus-cité. A mon goût, "Kelly's Heroes" est un grand film de guerre. Vraiment, au niveau de la qualité du truc, ça déconne pas. Je ne sais pas à quoi c'est surtout dû? La qualité des acteurs? De la mise en scène? De l'écriture? J'aime à penser que, bien plus qu'un cas isolé, le niveau de l'oeuvre dépend d'un peu tous ces éléments à la fois, sans réellement en posséder un meilleur que l'autre; ils sont au même niveau, mais c'est le meilleur des niveaux qui soient. Pour commencer, parlons de ce que j'y ai le plus apprécié : le jeu des acteurs. Les mecs, charismatiques au possible, se renvoient tout le temps la balle; ils s'amusent, et ça se voit. C'est un peu comme de voir une bande de potes déconner entre eux, à la grande différence qu'ils interprètent, ici, des rôles complètement différents les uns des autres. Le quatuor, qui fait l'âme même du film, est complètement fendard, et d'une réelle alchimie. Il existe un rapport unique entre eux, d'autant plus que chaque personnalité en complète une autre. Mais nous y reviendrons lorsqu'il sera tend d'évoquer l'écriture globale de l'oeuvre. Concentrons-nous donc sur le jeu des quatre acteurs principaux. Le héros étant Clint Eastwood, il me paraît évident de parler plus de lui que des autres. Sauf que ce n'est pas du tout ce que l'on va faire. Non, mon intention est toute autre. En fait, j'aimerai surtout mieux m'apesantir sur la prestation ( incroyable, il faut bien l'admettre ) de Donald Sutherland, plutôt que sur celle de ses camarades. Non pas que ces derniers soient mauvais, c'est juste qu'il ne possède pas cette importance toute particulière qui lui permet de se démarquer des trois autres types de l'équipe. Mais ne me faîtes pas dire ceque je n'ai pas dit, je vais quand même vous dire ce que je pense des autres. Eastwood s'avère, comme à son habitude, extrêmement charismatique; plissant les yeux plus qu'à l'accoutumée ( si c'est possible, bien sûr ), il fait preuve d'une interprétation plutôt froide, et amusante de par ses réactions à l'égard de Sutherland, véritable bête de foire. De même pour Don Rickles et Telly Savalas, que j'ai trouvés, pour ma part, étrangement effacés ( surtout Savalas, qui ne se décôte pas un rôle à la hauteur de son grand talent ). C'est dommage, mais cela nous permet d'encore mieux nous concentrer sur l'incroyable prestation de, comme qui dirait, celui que l'on appelait le "cinglé". Donald Sutherland tient là le rôle de sa vie ( à mon sens ). Inspiré et amusant, il s'empare complètement du métrage, chose d'autant plus surprenante qu'il ne devait être, à la base, qu'un simple second rôle, le genre de mec qui sert à fournir un minimum de background à l'oeuvre en question. Sidérant de folie, il n'est pas sans rappeler l'intensité du regard de fou qu'arborait le Joker de Ledger. Oui, je vais loin, mais je l'assume, parce que je le pense tout sincèrement. Et justement, ce qui permet à Sutherland d'être aussi convaincant, à tel point barge quoi, c'est, je pense, le détail apporté à l'écriture du métrage. Non seulement c'est drôle, fin, mais en plus, c'est foutrement habile, le genre qui te fait sourire pendant plus de dix minutes. Enfin, peut-être moins, mais c'est une manière de parler, tu vois ... Bref. Tout ça pour dire que les mecs en chargent de l'écriture étaient vraiment des bons, des durs de durs, des guerriers de la rédaction. Et cela se ressent tout du long; outre quelques incohérences pour le moins aberrante, le tout fera surtout preuve d'un talent certain. Mais voyez-vous, je pense que tout cela, que tout ce que l'on vient d'énoncer, ne serait pas possible, voire valable, sans la qualité d'un autre facteur : la mise en scène. Le travail de Brian G. Hutton fut à mon sens admirable. Rendant son oeuvre intense et spectaculaire, il lui permet d'entrer, dès les premières minutes, dans le cercle restraint des grands films de guerre ( comme il a apparement sû le faire par le passé; mais je vous confirmerai cela dans un futur proche ). Et voyez-vous, l'un de mes éclaireurs, qui fait un super boulot ( il s'agit en fait de San Felice, pour ne point le citer ), je tiens à l'écrire, a récemment soulevé un point important, et d'autant plus intéressant qu'il est extrêmement véridique ( dans sa critique de "Roméo Juliette", si vous voulez vous renseigner ), en comparant modernité et intemporalité; la première est limitée au moment où l'oeuvre parait, tandis que la dernière lui permet de traverser les âges en restant d'actualité ( si je puis l'écrire ainsi ). Le rapport avec la critique? Il est simple : tout dans ce film tourne autour de cette nuance. Je ne peux pas dire que c'est moderne, parce qu'esthétiquement parlant, le truc ne l'est pas. Seulement, j'aime à penser que l'oeuvre est intemporelle ( bien plus, à mon goût, que certains films que l'on sort de nos jours ), tant elle n'a pas vieilli, même quarante-cinq ans ( !!! ) après sa sortie. Du grand cinéma, à n'en pas douter.