John Wayne était une figure emblématique et incontournable du western. Il aurait très bien pu se contenter d’endosser les rôles comme il savait si bien le faire, mais… de temps en temps il lui prenait l’envie de prendre le siège du réalisateur. Et quand je dis de temps en temps, ça se résume à quatre reprises dans toute sa carrière. "Alamo" est sa seconde réalisation, la meilleure des quatre à n’en pas douter. On vient presque à regretter qu'il n'en ai pas fait davantage. Pour tourner "Alamo" il s’est inspiré d’un épisode de la guerre d’indépendance du Texas, et du siège de Fort Alamo, ce dernier chutant après l’assaut donné par les troupes du général mexicain Santa Anna, après un siège de 13 jours, sans laisser le moindre survivant. Une défaite texane qui devait appeler par la suite une victoire… John Wayne voulut mettre en avant l’héroïsme, ainsi que le patriotisme (qui vont souvent de pair) envers une cause, en plus de celle inspirée par la terre. Quelques libertés furent donc prises pour cela, qu’on pourrait qualifier d’erreurs historiques, puisque des faits imaginaires ont été rajoutés. Je ne suis pas sûr même que les costumes de l’armée mexicaine soient vraiment d’époque. Aussi, "Alamo" est à classer parmi les westerns et non dans les films historiques. Et quel western !! Plus qu’un western, c’est une fabuleuse épopée à travers racontée à travers cette immense fresque comme Hollywood savait les faire. Malgré la longueur (2h47 tout de même, et 3h22 dans sa version longue), nous assistons à du grand spectacle. Les troupes mexicaines, orchestrées par une musique entêtante, sont impressionnantes et il y a de quoi en faire fuir plus d’un. Nous retenons notre souffle devant la grande qualité de reconstitution des combats, mais John Wayne a su aussi aménager des moments où nous pouvons reprendre nos esprits. Epique, enivrant, "Alamo" fut cité par 7 fois aux Oscars : meilleur film, meilleur film, meilleur montage, meilleure photographie pour les principaux. C’est finalement le meilleur son qui remportera la statuette, ce qui n'est pas étonnant vu que ce long métrage bénéficie d'un son stéréo à six pistes. "Alamo", c’est aussi l’histoire de deux hommes légendaires, celle de Davy Crockett (à la fois soldat, trappeur et politicien), effectivement mort lors de cette bataille, n’en déplaise à l’internaute MGM –ranger. C’est aussi celle de James Bowie (Jim dans le film), célèbre pionnier et soldat américain. Ils sont incarnés par deux non moins légendaires héros du cinéma hollywoodien, respectivement John Wayne et Richard Widmark, sans oublier Richard Boone (général Sam Houston), ni même Laurence Harvey dans le rôle du colonel Travis. Ils font preuve d’un charisme énorme, surtout Laurence Harvey, fier commandant du Fort. Doué d'une belle photographie, "Alamo" est comparable à de célèbres toiles représentant des scènes de batailles, et est à inscrire au musée des westerns qui ne vieillissent pas et ne vieilliront jamais. Dans tous les cas, on ne peut pas enlever à John Wayne de s'être donné les moyens, non seulement par le son, mais aussi par sa mise en scène, ainsi que par le nombre impressionnant de figurants. Une démesure à la hauteur du courage de cette poignée d'hommes auquel l'hommage est magnifiquement rendu.