En 1990, alors que les tortues les plus populaires de la pop culture s’émancipent dans différents médias comme les dessins animés et les jeux vidéo, c’est autour du cinéma d’accueillir son premier film intitulé Teenage Mutant Ninja Turtles, bien plus badass que la bien sobre traduction française Les Tortues Ninja. Fidèle au comics bien que beaucoup moins violent, il en reprend les ingrédients principaux : quatre tortues mutant suite à un contact avec une substance chimique et possédant chacune un nom inspiré d’un peintre de la Renaissance, un repère dans les égouts avec leur maître Splinter, un entraînement au ninjutsu avec différentes armes, et bien sûr les fameuses pizzas dégoulinantes de fromage en guise de plat préféré. Le background de base est également conservé avec la passé commun entre Splinter, son maître Yoshi et le sinistre Shredder, interprété par un James Saito (Une journée en enfer, L’associé du diable) convaincant.
On retrouve d’emblée le charme cher aux années 1990 avec des acteurs dans des costumes assez kitsch pour incarner les tortues, chacun d’eux jouant un autre personnage sans costume apparaissant à un moment du film, comme le livreur de pizza ou le client du taxi. La journaliste April O’Neil est quant à elle interprétée par la jeune Judith Hoag (Cadillac Man, Armageddon) avec une coupe de cheveux très vintage. Les traits d’humour sont légion et les clichés liés aux personnages masculins qui tombent amoureux d’une fille qu’elle leur fait un compliment pullulent. Cliché aussi vrai avec les tortues qu’avec le très branché Casey Jones, joué par le jeu Elias Koteas, plusieurs années avant des films comme Crash et La Ligne Rouge. Le film a aussi une bonne dose d’action appréciable, la réalisation relativement correcte des combats s’expliquant par le fait que les ninjas sont joués par des Hongkongais pratiquant les arts martiaux.
Quelques références se trouvent ici et là, comme par exemple Domino’s Pizza qui livre les tortues directement depuis les canalisations (« Le sage a dit : le pardon est divin, mais ne paie jamais plein tarif pour une pizza en retard ! »), April qui se plaint qu’elle aurait préféré rêver d’Harrison Ford quand elle se réveille dans les égouts, ou encore Michelangelo qui fait référence à Rocky et à Dark Vador. Pour accompagner les compositions de John Du Prez (notamment un sympathique thème principal reprenant quelques notes du générique culte du dessin animé), quelques chansons de rap, de techno et de new jack swing viennent retranscrire l’ambiance cool et détendue de l’époque. Le film conserve tout de même une part sombre avec le clan des Foot composé d’enfants et d’adolescents se sentant rejetés par la société, recueillis par Shredder afin de monter une armée régnant sur New York. À noter que les DVD sortis en France ne comportent que la version québécoise des films : Shredder devient ainsi « le Déchiqueteur », et le clan des Foot « le clan de la Savate » !