Je voulais voir ce film depuis longtemps, histoire de pouvoir enfin visionner les suites que je possède mais que je n’ai jamais vues parce que je voulais regarder la saga dans l’ordre. Et bien c’est maintenant fait, et je dois dire que çà a été un très très grand plaisir. Je n’attendais clairement pas ce métrage aussi haut en termes de qualité.
Le casting est excellent. C’est réellement parfait, il n’y a rien à redire. Gregory Peck s’empare de son personnage avec une force redoublée, et il est totalement crédible. Toujours fin, jamais dans l’outrance, il est remarquable. Solidement épaulé d’ailleurs par un acteur maitre dans le registre de l’horreur, David Warner, qui se débrouille non moins bien. Le casting féminin est lui porté par Lee Remick, bien convaincante, mais elle se fait parfois voler la vedette par une Billie Whitelaw totalement survolté qui s’impose sans problème. Les seconds rôles sont eux aussi très solidement campés. Mais surtout il faut avouer que les personnages sont très bien bâtis, très solidement construits, et qu’il est difficile de les lâcher. Ça fait plaisir de voir un métrage qui creuse aussi bien ses personnages.
Le scénario est très efficace lui aussi. Entretenant continuellement le doute entre réalité et surnaturel, et laissant donc tout à fait interrogateur tout du long, La Malédiction peut laisser craindre un film un peu bête de possession, et pourtant, c’est un thriller mémorable. Très bien rythmé, doté de scènes spectaculaires, porté par ses personnages en béton, fort d’un suspens brillant qui n’hésite pas à créer de réelles surprises en terme de rebondissements (notamment dans la dernière partie), La Malédiction est des plus délectable et se conclue magnifiquement. Très grande réussite.
Visuellement Donner offre un métrage irréprochable. La mise en scène est impeccable, avec des passages tantôt spectaculaires, tantôt doté d’une atmosphère crépusculaire sublime, et Donner, à mon sens, offre ici son film le plus abouti en termes de réalisation. On garde des recettes propres au style Hammer, et pourtant, à l’instar de L’Exorciste de Friedkin, on sent qu’on entre dans l’air du cinéma d’horreur moderne avec un style percutant et plus démonstratif. La photographie est elle aussi très bien travaillée et soignée, et les décors sont impeccables. Certaines scènes sont grandioses comme celle avec Patrick Troughton au milieu de la tempête, ou celle du cimetière. Alors le film ne fait pas dans la violence exacerbée, avec juste quelques petites séquences marquantes. Enfin, une bande son remarquable, signée Jerry Goldsmith, primée d’ailleurs et à juste titre car c’est mémorable.
En conclusion La Malédiction est peut-être le meilleur film de Richard Donner (j’en ai encore quelques-uns à regarder), et le résultat est difficilement critiquable. Totalement prenant, c’est une vraie découverte maitrisée de bout en bout. 5.