Faites des gosses, qu'ils disaient... La Malédiction est un film d'épouvante culte des années 70, avec Gregory Peck et au scénario qui lorgne du côté de L'Exorciste (de trois ans son prédécesseur). Un autre sale gosse démoniaque qui veut tuer papa-maman (et la Terre entière, au passage). Disons-le de suite : le film a pris un petit coup de vieux (très mal fait, surtout
la tête décapitée par la vitre
), et ne fait pas vraiment peur aujourd'hui. Mais étrangement, ce côté désuet et ce calme horrifique forment un charme certain, et nous concentrent davantage sur l'enquête pour connaître les origines de ce Mal mystérieux qui touche l'enfant et comment s'en débarrasser. On s'amuse à penser aux futurs Destination Finale (où le personnage sait à peu près comment il décèdera, ce qui augmente la tension) car ici on trouve déjà les photos du polaroid qui montrent la forme que prendra la mort imminente d'une personne. Le jeune acteur qui joue Damien (Harvey Stephens) est convaincant (il minimise les indices qui nous prouveraient qu'il est bien un Démon, ce qui nous met le doute). Si vous en avez l'occasion, on vous conseille l'édition collector du DVD, qui compte deux documentaires passionnants sur le tournage du film. Si vous n'avez pas pu trouver pareille édition, voici ce qu'ils contiennent : le premier se concentre sur la conception du film. On apprend ainsi que le petit Harvey Stephens a été retenu au casting car il a détruit l'entrejambe du réalisateur en "jouant la colère" de façon démentielle - parfait pour le rôle -, que la scène de la chute sur le parquet s'est faite à l'horizontale (ils ont clouté le parquet sur un mur et ont poussé l'actrice sur un chariot roulant) avec des sardines peintes en rouge, les scènes avec les babouins ont nécessité de mettre le "chef de la bande" à l'arrière de la Ford pour rendre maboules les congénères, que la fin a été retournée pour "sauver" l'enfant (dont le sourire n'était pas prévu, qui a finalement été gardé et est devenu l'image-clé du film)... Le second documentaire nous a donné des sueurs froides, étant la liste des catastrophes arrivées sur le tournage, réputé "maudit" : deux voyages en avions de l'équipe qui ont été foudroyés, un troisième qu'ils ont décommandé car "plus de places" et qui finalement s'est écrasé en fin de piste de décollage, des séquences au zoo avec des lions où le gardien s'est fait dévorer par ses bêtes (les séquences des lions n'ont pas été gardées dans le film, par respect), le truquiste en charge de la décapitation du film qui perd sa petite amie juste après le tournage dans un accident de voiture...par décapitation (et, selon le réalisateur, au niveau d'un panneau "66,6 km"... On ne sait pas si c'est vrai, mais son histoire est bonne pour le feu de camp avec des copains). Ce petit docu nous a fait tirer sur notre col quelques fois. Quant au film, on suit l'enquête avec plaisir, à défaut d'avoir peur, La Malédiction parvient donc à s'extirper du simple copier-coller de L'Exorciste pour créer sa propre histoire de gamin démoniaque (Damienaque, oui).