KIKI LA PETITE SORCIERE (1989): Un titre très enfantin, certes, je l'avoue, mais détrompez-vous, je ne suis plus un enfant, et ce film m'a vraiment envahi, il m'a emporté. La plupart des films à succès résonnent l'intelligence, pour dire que… on est intelligent. Il faut toujours un méchant pour créer une dynamique, de la violence pour le spectacle, de grands amours pour les sentiments, un héros pour applaudir. Le réalisateur HAYAO MIYAZAKI sait apporter tout cela dans ses productions, mais ici, waouh! C'est une autre chose. On ne voit pas souvent un film comme celui-ci, un film où tous les personnages sont d'une grande bonté, d'une grande générosité, une joie de vivre dans chaque coin de rue. Cela pourrait être soupe au lait, mais ce bol est pour Jiji, le chat compagnon de route de Kiki, pas pour nous les spectateurs. Les dialogues sont tous plaisants, et l'histoire, une succession de situations agréables, extrêmement bien pensées, bien représentées, pour cette construction de l'autonomie de Kiki. On n'hésite pas à plonger dans la vie trépidante de celle-ci, elle est tellement mouvementée, il ne faut pas oublier que c'est une apprentie sorcière, ses pouvoirs ne sont pas très ajustés. Oui, il y a de la sorcellerie, mais ici, MIYAZAKI la met légèrement en retrait (pas d'excès et c'est très bien ainsi), préférant se concentrer sur les relations humaines des acteurs pour créer une autre ambiance, une dynamique plus à mon goût. Kiki sur son balai volant, nous fait découvrir des vues aériennes d'une grande splendeur. Ses rencontres sont un concentré d'amitié, ses problèmes ne sont pas vraiment des problèmes, mais des solutions remplies de serviabilité. Kiki est une fillette magicienne respectueuse, qu'on aime regarder pour son allure très mignonne. MIYAZAKI et ses équipes prouvent encore dans ce long-métrage que leur imagination est vraiment débordante, un scénario d'une grande fraicheur, une animation fluide, des décors et des paysages très artistiques, une grande richesse de couleurs, une sublime mise en scène, des dessins tous réussis. Une bande-son menée comme toujours chez MIYAZAKI par l'accordéon, pour apporter un brin de douceur et mettre en avant le charme et la poésie de cette histoire. Et ce générique de fin, un vrai bol d'air frais. Malgré son âge, grâce à une grande perfection, ce dessin animé ne prend aucune ride. C'est franchement beau, agréable, surtout ne passez pas à côté de ce tourbillon de gaité des studios GHIBLI. Une aventure initiatique épatante, resplendissante. Du cinéma qui nous évade, qui nous libère.