Après la claque reçue avec Le Château Ambulant, voilà donc que Kiki vole vers moi sur son balai. Viens dans mes bras ma grande ! Bon on est le 1er janvier, on a tous fait la fête hier ( ou pas ) je suis claqué et j'ai la flemme de faire une critique détaillée.
J'adore Kiki...enfin le personnage. Le film un peu moins. Pourtant ça démarre bien, et je compte pas le nombre de fois où j'ai été bouche bée devant un paysage, une scène, un geste de Kiki. Mais le film, au fur et à mesure de son avancée, devient de moins en moins intéressant, s'enfonce dans l'anecdotique et la banalité. J'aime beaucoup les Miyazaki épiques, ambitieux, à l'image du Château Ambulant, Mononoké ou Nausicäa. J'aime moins l'auteur japonais quand il inscrit ses personnages - aussi merveilleux soient-ils - dans un quotidien trop proche du nôtre ( enfin c'est relatif hein ), à l'image de Totoro par exemple. Ca ne m'intéresse pas, je trouve ça limite chiant.
Le seul autre défaut que je trouve à Kiki - et ça n'est pas un hasard - est son manque d'audace. Après le fort taux de Disneyité dans Totoro, voici donc que Miyazaki en remet une couche dans la même veine en n'allant pas assez loin dans la transgression. Par exemple, il y a un sous-texte lesbien évident dans Kiki, et en général un discours sur le sexe ( non je suis pas un pervers, et puis on voit bien un dirigeable se dégonfler à la fin ). Mais ça ne va pas assez loin, et le film manque totalement d'ambiguïté, ou tout simplement de courage. Enfin, c'est déjà très intéressant de voir à quel point Miyazaki est méfiant envers l'homme et comment il place ses espoirs dans ses magnifiques personnages féminins.
La grande force du film c'est évidemment le personnage principal. Rarement une héroïne m'aura autant touché, dans quelque film que ce soit, et on s'étonne encore de la capacité fantastique qu'a Miyazaki pour dessiner ( à tous les sens du terme ) des filles/femmes d'une beauté peu commune. Kiki est un personnage immensément riche, espiègle, libre, attachant et surtout juste sublime. On ne pourrait voir qu'elle sur son balai pendant 2 heures que ça ne poserait aucun souci. Il faut quand même un sacré talent de scénariste pour créer des personnages - Nausicäa, Mononoké, Chihiro, etc. - aussi intenses et naturels, des êtres animés qui semblent dépasser cette condition pour nous faire croire l'espace d'un film qu'elles appartiennent au monde réel. C'est simple, je suis amoureux de Kiki, elle est trop mimi.
Je reviens pas sur la qualité des dessins, juste somptueux, qui contribuent bien sûr à donner plein de vie à ce que l'on voit. La fin est plutôt bâclée sinon, comme si justement - pour en revenir au problème du scénario - ça n'intéressait pas Miyazaki.
Emerveillement puis lassitude au niveau de l'histoire, mais une des plus grandes héroïnes qui soient. Et un très joli film sur le passage à l'âge adulte.