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gimliamideselfes
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4,0
Publiée le 7 février 2016
Cela fait sans doute une demi-douzaine d'années que j'ai vu Histoire(s) du cinéma que j'avais aimé à l'époque sans non plus adorer totalement (il faut dire que je l'avais vu de manière très fragmentée, regardant un segment à la fois). Ce "nouveau" montage me permet non seulement de revoir ce qui faisait l'essence du film, mais également de faire un autre film, parce que lorsque l'on passe de 5h de film à 1h20, en refaisant le montage on a un film tout nouveau, tout en étant dans la continuité du précédent. De plus Godard fait du collage, ça fait des années maintenant qu'il reprend des bouts de ses anciens films, des bouts de films qu'il n'a pas réalisé, qu'il monte le tout ensemble pour créer du beau, de la poésie et c'est exactement ce qu'il fait là.
Je pense que le fait d'avoir vu plus de films, de mieux connaître le cinéma de Godard m'aide forcément à plus aimer ce film par rapport à l'original que j'ai vu il y a quand même assez longtemps. Parce qu'entendre Godard demander combien il y a de Dreyer pour cinquante De Mille, je ne suis pas certain qu'à l'époque ça me parlait autant qu'aujourd'hui. De même le fait d'avoir vu (et j'espère que je ne confonds pas) Scénario Passion où il explique comment il envisage le montage, cette façon toute particulière qu'il peut avoir d'utiliser le ralenti, de mélanger les images et bien ça aide, non pas à ressentir (on n'a besoin de rien pour ressentir ce que fait Godard), mais à comprendre ce qu'il fait... et c'est très appréciable.
Mais la beauté du montage ne serait rien sans ce que dit Godard, dans ses intertitres (il y en a un que je trouve très beau : "seule la main qui efface peut écrire" (ou un truc du genre)), ou bien dans les voix off. Parce qu'il vient et qu'il t'explique que les Etats-Unis ont ruiné après la première guerre mondiale le cinéma français, puis qu'ils ont détruit le cinéma européen après la seconde en le finançant, ça fait quelque chose.
De même lorsque vers la fin il t'explique qu'en tant qu'artiste il est content de vivre en France, un pays qui chaque jour tombe un peu plus dans la décadence, où les mêmes incompétents alternent au gouvernement... c'est loin d'être anondin, c'est beau, c'est fort et donc c'est politique.
Ou lorsqu'il parle d'art, qu'il parle de Manet, de ce que veulent dire les sourires de ses modèles comparé aux sourires chez De Vinci ou Vermeer. C'est le genre d'analyse que seul Godard peut faire.
Comme d'habitude il y a tellement de choses dont il faudrait parler, c'est d'une telle richesse, c'est une expérience cinématographique majeure.
Même si Jean-Luc Godard fait partie des réalisateurs les plus inventifs du cinéma français, cette synthèse des Histoires du Cinéma est plutôt pompeuse. Succession d'images tirées d'autres films et de cartons suggestifs ( ou plus illustratifs ), ce morceau de cinéma est relativement ampoulé et s'apparente plus à de la masturbation intellectuelle qu'à autre chose. Certains passages sont intéressants ( j'ai bien aimé l'hommage à Alfred Hitchcock, que Godard considère comme l'un des meilleurs créateurs de forme du cinéma mondial ). Dans l'ensemble, ces Moments Choisis donnent un bref aperçu de ce que sont les Histoires du Cinéma ( d'une durée initiale de plus de cinq heures, cet essai est plutôt difficile à regarder dans son intégralité ). Godard ne cache pas son admiration pour des artistes tels que Murnau ( il fait référence à L'Aurore ), Manet ou encore Arthur Rimbaud : les citations fusent tellement qu'elles en deviennent assomantes. Un Godard mineur quand on le compare à des films comme Pierrot le Fou ou Le Mépris. Un film lourd et prétentieux.