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Newstrum
46 abonnés
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5,0
Publiée le 19 février 2018
Magnifique film sur un amour impossible entre une soldate rouge et officier blanc du temps de la guerre civile russe. Les images superbes sont signées par Serguei Ouroussevski, l'un des plus grands chefs opérateurs de l'histoire du cinéma, et Tchoukhraï oppose avec beaucoup d'humanité l'amour et l'idéologie fictionnelle de la lutte des classes qui le condamne. Un des chefs-d'oeuvre de la période du dégel soviétique qui suivit la mort de Staline. Voir ma critique complète sur mon blog : newstrum.wordpress.com
Premier film de Gregory Tchoukrai, cinéaste de premier ordre, représentant du dégel Krouchtevien, dont " la ballade du soldat" est l'opus le plus connu dans l'Hexagone.
Il obtint le prix spécial ( pas le prix spécial du jury) selon son intitulé précis au festival de cannes en 1957 qui constitua une édition dont le niveau fût particulièrement relevé ( figurent au palmarès " le septième sceaux" de Bergman et " les nuits de Cabiria " de Fellini notamment).
Remake d'un film russe plus ancien, " le quarante et unième " - le titre est donné en référence à la quarante et unième cible humaine atteinte par une tireuse d'élite de l'armée rouge, alors que cette dernière lutte contre l'armée russe fidèle au Tsar.
Si la première partie correspond à celle d'un film de patrouille - sous-genre du film de guerre, la seconde et la plus forte, se déroule sur une île de la mer d'Aral. C'est une confrontation philosophique et idéologique cruciale entre les deux personnages principaux.
L'un des deux défendra l'idée que le destin individuel, personnel et amoureux doit se plier aux contingences de l'Histoire ; l'autre défendra la position inverse :" peu m'importe la liberté, je veux la paix" dit-il.
Filmé en couleurs, cet opus de Tchoukrai obtint lors de sa sortie dans l'Hexagone un grand succès. Malheureusement il est peu diffusé depuis plusieurs décennies et c'est fort dommage !
Certes il n'atteint pas au plan formel la maîtrise dont le cinéaste fera montre dans " la ballade...", mais la puissance thématique de la seconde partie est exceptionnelle et bouleversante.
Face aux destins individuels, la puissance des décisions du collectif emporte tout. C'est cette opposition que nous montre avec adresse le réalisateur soviétique.
Cependant, le cinéaste montre aussi que sans la possibilité pour l'individu de s'accomplir pour lui-même, le projet de bonheur, de justice collectives qui fondent toute idéologie politique n'est qu'un vain mot.
Alain Resnais dans " la guerre est finie" abordera lui aussi, avec talent, cette même thématique.
A première vue un film militaire relativement basique, trop caricatural dans le caractère de ses personnages et exhibitionniste dans l'image soignée de la belle Russie. Un paradoxe survient pourtant assez vite qui annule cette première impression, car l'histoire place bientôt la compassion au-dessus de la discipline, puis l'amour au-dessus du devoir, avant que le devoir ne prenne définitivement et bien tristement le dessus. On remarque tout de suite l'actrice principale qui ne l'est pourtant pas - principale - dans un premier temps, tant sa présence en quelques plans rapides est forte. Et elle ne déçoit en rien quand elle change de comportement comme d'habits pour incarner l'image d'une femme complexe et romantique sous des apparences grossières. Un chef-d'oeuvre de direction où l'intérêt géographique du tournage est inhabituellement grand pour un vieux film.
Film légèrement sur-côté. On ne reviendra pas sur la sublime photographie (que l'on doit au plus grand chef opérateur de l'histoire de la Russie, voir mondial - (re)voir Soy Cuba pour s'en convaincre), mais le récit, certes original et provoquant POUR SON ÉPOQUE, a perdu de sa verve avec le temps. Et cette histoire d'amour très prévisible et légèrement mièvre sur les bords n'a pas fait mouche... Le film est loin d'être dénué d'intérêt, mais bien en-deçà de ce que j'attendais.