Le western spaghetti plus ça va, moins ça va. Et là, ils ont craqué. Terminé les petites barbes malpropres du héros tout de même beau gosse sous son air farouche. Ici c'est Gandalf, longue barbe, cheveux longs, le torse poilu à l'air.
Du coup, comment dire c'est un charisme tout autre que celui d'un Eastwood qui se profile. Mais bon, on va dire que ça change.
Au niveau du scénario, ça ne change jamais vraiment, ça ne change pas forcément beaucoup de Django, sauf que Django il a un cercueil et que ça c'est classe ! Une fille à sauver, un gros malfrat dans la ville.
Sauf que là où Django perdait son charisme et sa classe dans des attaques de forts assez banales, là Castellari arrive à garder son film sur Keoma et la mission qu'il s'était imposé : protéger cette fille.
Et on retrouve ce que j'aime là dans les western spaghetti, et ce qui me dérange. Parce que technique un grand silence, un Django ou un Keoma je préfère mille fois ces films là à n'importe quel Ford ou Hawks où tout le monde est propre sur lui, où il y a le héros vertueux incarné par Wayne (en général hein), etc. Et je dis ça alors que j'adore Ford et Hawks encore plus. Je préfèrerai un western spaghetti parce que justement la notion de bien et de mal est déplacée et ça transpire le charme de la bonne série B, le truc tourné sans thune mais avec des idées. Seulement voilà, Django ne tenait pas sur la durée, Ringo pareil, etc (faudrait que je revoie le grand silence). Et c'est là mon grand regret.
Keoma lui y arrive, alors ça reste bancal mais disons qu'à aucun moment il y a un gros temps mort où je me dis, merde c'est chiant en fait cette merde. L'ambiance a pris le pas sur la narration pour nous montrer ces paysages désolés avec cette sublime musique qui est un leitmotiv merveilleux. Limite ça me rappellerait the shooting de Monte Hellman. Tout y est mystérieux, planant, envoûtant.
Et Keoma arrive à insufler de vrais thèmes mythologiques là où Django s’essoufflait par exemple. On a là un film profondément biblique et j'adore ça. Ce n'est pas rien que mon western préféré n'est ni un Ford ni un Leone mais bien un Wellman : The ox-bow incident.
Keoma malgré ses apparences de séries B kitchouille arrive donc à proposer du vrai cinéma et un truc sacrément bon.
Après je déplorerai quelques ralentis assez laids et quelques gunfights qui auraient pu être plus fun (pas tous, mais certains sont ridicules), mais finalement c'est bien face à la qualité du film et surtout de son atmosphère.
Et il faut retenir la scène finale que je pensais en trop après la grosse référence biblique, mais finalement non, ça reste somptueux, ces cris de femmes et ce vent comme seul bruit.
Et il reste ces quelques scènes assez classes comme la scène des 4 cent ou 4 balles.
Un western spaghetti tout à fait sympa, mais qui reste peut-être encore trop brouillon, j'aime les trucs sales et crades, mais ça ne me retourne pas autant qu'un Ox-bow incident ou bien qu'un la prisonnière du désert… que je trouve beaucoup plus forts en tous points. Même si ce n'est pas le même genre de western. Mais ça reste un film à voir, qu'on aime ou pas le genre.