En 1932 (!) Ernest Lubitsch signe ce joli film, élégant, simple et raffiné. Le début du film est pourtant un peu décousu et malhabile. La présentation se fait avec peine et avec tâtonnement. Une fois passée ces premières minutes laborieuses, lorsque la situation est installée, le film devient réellement bon. Lubitsch parvient dans ses films à les rendre à la fois simple, beau, solaire et profond. C'est jamais trop appuyé, quand on compare aux comédies américaines actuelles assez calibrées, on peut se dire qu'un mec avec la délicatesse de Lubitsch manque cruellement quand même.
On comprend aisément à la fin de ce chef d’œuvre pourquoi "Trouble In Paradise" est un des meilleurs si ce n'est le meilleur Lubitsch. Une fois de plus j'ai été ré-ga-lé ! Non pas seulement par l'histoire signée Grover Jones tirée d'une pièce de théâtre de Laszlo Aladar , simple comme bonjour , mais aussi par l'intrigue légère qu'elle impose, l'humour ironique d'une finesse absolue, tout les ingrédients Lubitschiens sont ici réunis. Servie par des dialogues corrosifs comme une fois de plus chez le Maître berlinois de la comédie, cette savoureuse recette joue avec les codes du genre et de l'époque (jeu de clichés doublé d'une satire sociale en pleine Dépression, faux semblants...). Le trio Marshall-Hopkins-Francis est un des meilleurs trio qu'il puisse nous donner de voir au cinéma. Une méga giga brillante comédie, assurément.
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3,5
Publiée le 12 avril 2011
Ernst Lubitsch possèdait au plus haut point le sens de l'allusion, de la suggestion aussi indispensable à une comèdie que l'oxygène à la respiration! On en voit l'une des manifestations les plus brillantes dans une scène de "Haute pègre". L'un des hèros, le toujours excellent Edward Everett Horton rencontre dans un restaurant un certain Herbert Marshall! Celui-ci l'avait dèjà agressè et frappè dans un hôtel de Venise, mais il ne parvient pas, à ce moment prècis, à se souvenir dans quelles circonstances ils se sont dèjà rencontrès! Un cinèaste sans finesse se serait contentè de montrer les diverses expressions de perplexitè du personnage et son sourire de satisfaction lorsqu'il reconnaît son homme! Mais Lubitsch ne peut s'en tenir à si peu de chose, et il procède d'une manière tout à fait diffèrente! La nervositè de Horton, faisant de gros efforts intèrieurs pour se souvenir de Marshall, se manifeste par la façon dont il fume son cigare, tirant frènètiquement bouffèe sur bouffèe! En peu de temps, le cigare est rèduit en cendres et Horton cherche un cendrier sur la table! Comme par hasard, ce cendrier est en forme de gondole! Après une pause relativement angoissante pour le spectateur qui sait, lui, où les deux hommes se sont prècèdemment rencontrès, l'association d'idèes finit par se produire chez Horton, qui se frappe le front...C'est là la patte de Lubitsch dans cette comèdie de haut vol avec une distribution èlègante (Herbert Marshall, Kay Francis, Miriam Hopkins...).
Un bijou, un chef d'oeuvre signé Lubitsch. C'est mon premier Lubitsch et cela me donne énormément envie de regarder ses autres oeuvres comme Rendez vous ou encore Jeux dangereux. Les comédiens sont très bons et j'ai adoré le final de ce film qui m'a laissé un énorme sourire pendant longtemps, ce mélange d'humour et de tendresse j'ai adoré. Certes plus ou moins prévisible mais ce n'est pas le but du réalisateur, il a voulu nous faire rire et passer un bon moment et il a totalement réussi avec une très bonne mise en scène, bref un chef d'œuvre.
Exquis… C’est le premier mot qui me vient à l’esprit pour qualifier ce Trouble in Paradise qui apparaît comme une comédie étonnamment amorale et très fine. J’ai passé un fort agréable moment devant ce film subtil et intelligent, nous narrant les activités d’un escroc s’attaquant aux personnes du « grand monde ». Un film d’une grande élégance qui s’appuie sur de très bons dialogues et une interprétation de qualité, qui résulte d’un mélange entre jeu théâtral et expressionisme d’un acteur de muet. Une mise en scène de grande qualité, une photographie aux petits soins et une bande sonore pertinente, techniquement ce film est une réussite. Un humour qui m’a plu, sans pour autant me rendre hilare, mais en tout cas une grande joie ressentie durant ce film
Un petit bijou que l'on aimerait pas se faire voler. Lubitsch est un génie, arriver à faire naître l'humour dans des situations aussi cocasses, aussi drôles, avec des personnages aussi charmeurs et charmant, semble tellement facile pour lui. On a des dialogues aux petits oignons, un bol d'air frais, quelque chose qu'on aimerait voir et sentir tous les jours au cinéma. Un rayon de bonheur. Et la fin est merveilleuse, d'une hilarité folle mais non pas dénuée d'une grande tendresse.
C'est le premier Lubitsch que j'ai découvert, aussi j'ai à son égard une affection particulière. "Haute Pègre" est, il faut bien le dire, un des sommets de la "Lubitsch Touch". On y retrouve ses thèmes de prédilection : milieu bourgeois, personnages élégants et raffinés avec des sentiments un peu moins élégants et raffinés, utilisation savoureuse des dialogues et des sous-entendus, triangle amoureux... Le tout traité avec un doigté que devrait étudier tous les cinéastes de comédie. S'inspirant clairement du théâtre (on pense à Marivaux), Lubitsch livre avec "Haute Pègre" un film particulièrement réjouissant dans lequel un escroc devient le secrétaire particulier d'une riche dame qui ne tarde pas à tomber sous son charme alors que lui est venu pour la voler ! A l'aide de mouvements de caméra amples, d'une maîtrise des ellipses et du sous-entendu, Lubitsch met alors en place un récit d'autant plus savoureux qu'il est court (1h22), mettant la gomme, ne laissant pas une seule séquence nous faire respirer. Si évidemment on ne se tape pas le cul par terre devant le film, force est de reconnaître que sa force comique, amplement maîtrisée et généreuse, est incontestable. Face à une Kay Francis particulièrement charmante et une Miriam Hopkins mutine, Herbert Marshall force le respect dans une partition hilarante, pouvant se targuer d'être un gentleman de bout en bout.
Lubitsch est d’une virtuosité confondante. C’est dramatiquement très subtilement construit, réglé comme une horlogerie. La séduction se mêle jusqu’à s’assimiler au vol, à l’escroquerie : ils ont la tromperie en commun. Pendant un bon moment on a l’impression d’assister à un marivaudage mondain un peu gratuit, un peu vain. C’est petit à petit que les enjeux de pouvoir deviennent manifestes, entre le couple d’escrocs subsistant de leur « art » et la riche héritière disposant de tout et de tous. Certaines répliques soulignent d’une manière toute à la fois ironique et féroce le fossé séparant la tromperie du simple escroc de celle des personnages de la haute société (elles sifflent d’une façon parfaitement modernes à nos oreilles de citoyens français de 2010...). Lubitsch a le sens de l’ellipse dans sa mise en scène comme dans son récit. Ce n’est sans doute pas par hasard s’il situe une comédie très à la manière d’un Marivaux (et d’un Beaumarchais ?) dans un cadre français.
Un film d'une raffinerie rare, drôle, subtil, et servi par des dialogues merveilleux et de très bons acteurs. Lubitsch réussit un pari fou, faire rire avec des gens ammoraux: un couple qui vole sans scrupules, une femme qui n'a guère conscience de la valeur de l'argent, et deux prétendants avides de fric. Malgré dix premières minutes un peu hésitantes, on est tout de suite emporté par la photographie sublime et l'action rocambolesque au septième ciel!! Malgré ses presque 80 bougies, ce film n'a pas vieilli, vraiment pas, et cela grâce à un sujet toujours d'actualité: l'amour avec ou sans l'argent. "Haute pègre" est à n'en pas douter un chef-d'oeuvre, un film comme on en fait plus aujourd'hui!
La première chose que l'on se demande tout de suite après avoir vu "Trouble in Paradise" du génial Ernst Lubitsch, c'est où le film serait éventuellement imparfait. En fait nulle part, chaque cadrage, chaque réplique, chaque situation, n'importe lequel des autres détails de la mise en scène sont chacun parfaitement à leur place. Quand à le chercher dans l'interprétation, il vaut capituler tout de suite avec l'éblouissant trio de charme Herbert Marshall-Miriam Hopkins-Kay Francis. Et c'est pas la peine de chercher non plus dans les seconds rôles surtout quand on sait qu'ils portent les noms d'Edward Everett Horton, de Charles Ruggles ou de C. Aubrey Smith. En bref, c'est un raffinement et une élégance extrêmes qui règnent tout au long de cette comédie bien que le sexe soit évoqué d'une manière très frontale, puisque les personnages d'Herbert Marshall et de Miriam Hopkins trouvent un aphrodisiaque très puissant à travers le vol, et ceci dès le générique du début. "Trouble in Paradise" est incontestablement la reine des comédies sophistiquées, la fameuse Lubitsch Touch à son zénith, qui se déguste comme une coupe de champagne, et attention ce n'est pas que du bon champagne, c'est carrément du Dom Perignon.
Autant pour son intrigue que pour son sujet ( Le racket obligé par 1 entourage à 1 héros pour vivre & "survivre"... ), ce polar un peu léger ne manque pas d'atouts; quoique l'ensemble et ses nombreux intermèdes pourront choquer ceux qui ne vivent pas - ou plus - en 1959.
76 ans après la premier projection, ce film fonctionne toujours, c'est toujours drôle, bien construit, bien joué, certains scénaristes américains devraient regarder un peu plus les films qui ont été fait, et de même pour les français car une simple idée avec quelques bonnes idées peu faire un très très bon film