Avant Maman a cent ans, il y a eu, six ans auparavant, Anna et les loups. Carlos Saura choisit de donner une suite au destin de sa gouvernante anglaise, ayant échappé à une famille pour le moins étrange dans le premier opus et y retournant à l'occasion de l'anniversaire de la grand-mère dans le second. L'Espagne a elle aussi muté entre la production des deux films (1973 et 1979), transformant les symboliques du premier long-métrage (comme l'Eglise ou l'Armée) pour mieux témoigner d'une jeunesse plus libérée et plus moderne.
Selon Carlos Saura, l'anniversaire de la grand-mère et la réunion qu'il provoque servent de prétextes à une observation plus large. En l'occurence, le fossé qui sépare l'ancienne génération, que le cinéaste qualifie de "franquiste", et celle qui va lui emboiter le pas. Pourtant, il s'agit bien là de la première franche comédie du cinéaste, ce dont il eut peur lors de l'écriture, le genre ayant mauvaise presse. Il précisera plus tard avoir toujours cherché à injecter dans ses films "un humour aragonais très proche de l'humour anglais, un peu ironique", en référence à la communauté d'Aragon, au nord de l'Espagne.
Avec Maman a cent ans, Carlos Saura décroche sa première nomination aux Oscars dans la catégorie "meilleur film en langue étrangère". Un évènement vécu par le cinéaste comme un amusement, celui-ci ayant partagé le repas de la cérémonie avec, entre autres, George Cukor, William Holden et Billy Wilder.
Si tout le casting s'est prêté à l'exercice de la suite sans sourciller, un acteur ne put malheureusement pas participer à Maman a cent ans. Il s'agit de José María Prada, mort peu de temps avant le tournage et incarnant dans Anna et les loups José, représentant de l'autorité militaire.