Film de guerre méconnu, Passeurs d’homme est ce que l’on pouvait attendre de lui : une série B correcte, mais sans être une grande réussite.
Le métrage a cela de bien d’être assez radical. Plutôt violent et méchant, Passeurs d’homme lorgne volontiers sur ce plan vers le film d’exploitation, et même si c’est parfois grandiloquent à l’excès, cela apporte une certaine force à ce métrage, dans l’esprit par exemple du Dernier train du Katanga. Assez court, vif, sans concession, en cela le film marque des points, s’appuyant il est vrai sur l’interprétation non moins excessive et grandiloquente d’un McDowell totalement cabotin pour notre plus grand plaisir. Malheureusement, le métrage, qui fut un échec au box-office, joue la carte de l’exploitation un peu trop jusqu’au bout. Slip estampillé croix gammée par exemple, c’est plutôt digne d’une comédie franchouillarde de Philippe Clair qu’autre chose. Je reconnais aussi que la traversée de la frontière est foutraque et que la fin est une catastrophe.
Le film n’est pas assez maitrisé, c’est évident. Scénario qui part parfois en cacahuètes, manquant de crédibilité, et mise en scène aléatoire. Thompson est spécialement mauvais ici dans les scènes d’action. S’il orchestre bien le reste, et peut-être à cause d’un manque de budget, l’action est brouillonne, peu lisible et peu dynamique malgré le nombre d’explosions. Et on voit trop que le faux sang est balancé aux visages des acteurs ! Si le cadre neigeux est appréciable, s’il y a de beaux paysages et une reconstitution relativement décente, profitant de couleurs froides qui instaurent une ambiance particulière, malheureusement la mise en scène est faiblarde, et ça sent souvent la débrouille. Mais, avoir une ambiance ce n’est déjà pas permis à tous les films.
Le casting profite d’une belle flopée d’acteurs. Rien à redire, il y a du bon, avec un McDowell cabotin, mais il n’est jamais aussi bon qu’en méchant, un Anthony Queen taiseux tout trouvé pour son rôle, et une famille Bergson solidement campée, avec, en tête, James Mason. Je saluerai aussi certains seconds rôles, comme Michael Lonsdale qui nous offre une des meilleures séquences du film, la charmante Kay Lenz, et un Christopher Lee, un peu perdu, mais toujours sympathique à voir. Gros casting donc, international, mais qui ne parvient pas totalement à faire oublier les lacunes du film.
Cela dit, Passeurs d’homme ne m’a pas vraiment semblé mauvais. Certes il y a des séquences risibles, certes la mise en scène est faible, mais l’ensemble garde une certaine force, et un jusqu’au-boutisme qui fait plaisir à voir, dans un genre souvent engoncé par des académismes anciens. Abordant un thème rare, le film pourra aisément divertir un spectateur un peu sensible aux séries B d’exploitation, il choquera sans doute le spectateur plus sensible aux grands films de guerre hollywoodiens. 3