« Le cercueil vivant » est le premier des films réalisé par Gordon Hessler avec Vincent Price pour le compte de American International Pictures, société de production fondée par Samuel Z. Arkoff en 1954, spécialisée dans les films à petits budgets pour adolescents. Scénarisé par Lawrence Huttington et Christopher Wicking, « Le cercueil vivant » pour des besoins marketing évidents, est faussement étiqueté comme inspiré de l’œuvre Allan Edgar Poe, cherchant malicieusement à jeter un pont avec les films de Roger Corman encore tout récents où Vincent Price était tout simplement prodigieux. Pour renforcer encore la filiation avec Roger Corman et ne pas déstabiliser les fans du genre, le cadre de l’intrigue demeure d’inspiration gothique. Julian et Edward Markhan, deux frères anglais de souche noble, se sont enfuis de leur plantation africaine à la suite d’une affaire trouble dont nous sont seulement montrées en entame, les conséquences pour Edward
atrocement défiguré. De retour dans son château, Sir Julian Markhan (Vincent Price) doit concilier son futur mariage avec la tutelle de son frère vivant reclus et en proie à des accès de violence. Un stratagème diabolique suivi d’un affreux concours de circonstances va amener à ce que le corps d’Edward, enterré vivant se retrouve entre les mains d’un médecin (Christopher Lee) pratiquant des expériences sur des cadavres déterrés par un aigrefin
. Le scénario pour le moins tortueux mais parvenant à ses fins de provoquer un affrontement entre les deux maîtres de l’épouvante que sont Vincent Price et Christopher Lee, emprunte à toute la filmographie d’un genre qui a connu une nouvelle heure de gloire (notamment dans les cinémas de quartier en France) depuis l’avènement de la Hammer au milieu des années 1950. Vincent Price particulièrement sobre est comme toujours excellent même si ses aficionados regretteront de ne pouvoir se délecter de son cabotinage « cormanien ». Quant à Christopher Lee, ce n’est pas sa perruque grisonnante le faisant ressembler à un Beatles vieillissant transposé en pleine ère victorienne qui l’empêche d’être toujours aussi noble et onctueux. Un bon cru donc que ce « Cercueil vivant » qui ne demande qu’à être rouvert, dénonçant au passage les méfaits de la colonisation sans avoir attendu les années 2020 pour le faire.