Il grande Sergio me surprendra toujours ... A t-il raté quelque chose dans sa carrière ? Pour son avant dernier film il lâche les cheveux et délaisse les contrées arides de l'ouest américain pour migrer vers celles du Mexique au temps de la révolution avec une nouvelle fois son lot de anti-héros délicieusement sympathiques et partisans du verbe acerbe et cynique.
Un mec pisse pieds nus sur des fourmis et attend le bon moment, cette diligence de bourgeois tombe à pic, Leone prend bien le temps de poser le contexte, le Mexique c'est un pays de hors la loi, et Juan Miranda, barbu vicelard, en est la représentation, un bandit chef de bande d'une famille de pilleurs, il trouve sur sa route un étrange type à mobylette, un irlandais membre de l'IRA et mania des explosifs en tout genre. Idéal pour un casse mémorable à la banque de Mesa Verde. Les deux formeront tant bien que mal équipe mais vont se retrouver malgré eux en plein cœur d'un conflit incontrôlable, deux polarités, le brigand et l'activiste, si différents mais qui se révéleront tellement proches ...
Sergio "que de maîtrise" Leone donne une vrai leçon de cinéma, en prenant un peu de recul avec les codes du western il arrive à servir quelque chose de tout autant impeccable, voir meilleur, car le côté jouissivement "badass" (je n'aime pas ce mot mais je l'utilise quand même) de Eastwood, Bronson ou Wallach, sorte de figures emblématiques de l'œuvre du réalisateur, est d'avantage travaillé dans cet opus, plus contrasté, Mallory (James Coburn) et Miranda (Rod Steiger) sont moins caricaturaux (sans que ça soit péjoratif) que Blondin et Tuco par exemple, ils ont une véritable évolution au fil du long métrage, l'un se remémore son douloureux passé en Irlande et tente de fuir pour regoûter à la vie, et l'autre se découvre une humanité dans son âme crasseuse de brigand.
Sergio y va de ces travellings sublimes, au dessus des fosses aux exécutions de masse, ça pue le grand cinéma quand même, et que dire de la partition de Ennio Morricone ... quelle bande son ! Des déferlantes d'action aux moments purs et intimistes, des regards et des larmes qui coulent sous les notes du maestro, ça sublime tout, c'est juste fantastique, c'est du génie ! Voilà je l'ai dit ! C'est rythmé, poétique, parfois drôle, il y a tout dans ce film, Leone propose une vision de la guerre référencée et nuancée, verra t-on la finalité de cette histoire ? Peut importe, la mission est accomplie, celle de nous faire ressentir de l'émotion, c'était là le principal au fond, parce qu'en plus ce qui est presque burlesque c'est que Mallory et Miranda ne sont que des acteurs involontaires de cette révolution, eux s'en foutent presque et veulent juste se barrer à la frontière mais ils vont devenir des héros malgré eux. La fin est inattendue et d'un degré pessimiste puissant, presque ironique, Sergio nous aura eu jusqu'au bout.
"Il était une fois la révolution" se démarque comme mon Sergio Leone favori, je l'ai trouvé très complet, maîtrisé, jouissif et divinement mis en musique, bref un véritable chef d'œuvre ! (J'aime pas ce mot là non plus mais sérieusement c'en est un !).