« Laisse-moi encore une fois passer une main sur ton dos. Ce soir, je veux que tu sois le roi de ma fête. »
6 ans après son amusant Trois Mousquetaires et 5 après son Cadet Rousselle, André Hunebelle revient au film de cape et d’épée, bien décidé à frapper un grand coup. Pour cela, il reprend Bourvil, sans doute le meilleur interprète de son Mousquetaires et embauche Jean Marais qui vient de s’essayer au genre avec La Tour Prend Garde ! (Georges Lampin, 1958). C’est aussi la 7ème adaptation du roman de Paul Féval au cinéma.
Hélas, il a entretemps perdu Audiard au scénario et ça se ressent fortement, non pas à la narration mais dans les dialogues qui sont, ici, d’une platitude assez inconsistante. Ce qu’on a perdu aux échanges, on le gagne heureusement dans une partie de la distribution, avec notamment un Jean Marais au sommet de sa forme, plus bourru que dans son jeune âge et fabuleux dans un maquillage qu’il a lui-même conçu, et un François Chaumette, intriguant et acide à souhait. Une partie seulement, ai-je dit. En effet, Bourvil est assez inaudible, Sabine Sesselmann, qui a fait une petite carrière en Allemagne, est mauvaise, Jean Le Poulain, star de théâtre et souvent faible au cinéma, joue terriblement faux, pas crédible en méchant sérieux, et Hubert Noël, habitué des films en costumes, est mou du genou. Ajoutons encore le fait que, même si Jean Marais assure lui-même ses propres cascades, les scènes de bataille sont d’une nullité absolue, mauvais raccords, bruitage exagéré, effets spéciaux ratés. Enfin, les décors, magnifiques dans les Trois Mousquetaires, sont ici un mélange d’anachronismes et de vieilles photos jaunies. Une vieille soupe éventée et imbuvable. André Hunebelle étant un réalisateur peu enclin à l’originalité, sa caméra et ses prises de vue ne sauvent guère l’ensemble du désastre.
Au final, si l’histoire est enlevée (merci Paul Féval), les gags sont creux, bêtifiants, prévisibles et pas drôles et on peut se demander comment ce Bossu a pu réussir à se hisser à la deuxième place du box office français de 1960, juste derrière Ben Hur (William Wyler, 1959), avec autant de tares.
L’époque sans doute… Quoi qu’il en soit, ce film a méchamment pris la poussière et l’humidité et on peut remercier Philippe de Broca pour son adaptation plus récente (1997) et autrement plus réussie.