Vu dans mon enfance, j'en gardais un souvenir plutôt positif; Dans ma mémoire cela restait le meilleur film de cape et d'épée de Jean Marais avec "Le Capitan". Pour l'avoir revu récemment, je trouve même que "Le Capitan" est plus réussit que cette version du "Bossu".
Revenons à cette version du "Bossu" qui a le charme suranné des premiers films français de divertissements d'aventures historiques en couleurs, dont André Hunnebelle était et reste le représentant. Objectivement ça se laisse voir, rien de plus. On passe un bon moment grâce aux acteurs, c'est tout. Jean Marais est bien meilleur en bossu qu'en Lagardère (sur-jeu théâtral), mais ce sont François Chaumette en Gonzague (surtout) et Jean Le Poulain en Peyrolles qui s'en tirent le mieux.
Ici, il existe bel et bien un problème avec l'adaptation du roman de Paul Féval, que n'arrange pas la réalisation passe-partout d'André Hunnebelle. Depuis cette version qui date de 1960, il y a eu des versions beaucoup plus fidèles à l'esprit et à l'atmosphère du roman que ce soit au cinéma (celle de Philippe de Broca en 1997, avec Auteuil en Lagardère, à mon avis la plus réussie de toutes au cinéma) où à la télévision (la version avec Bruno Wolkowitch notamment). Bien qu'il y ai une pointe d'humour dans le roman, cette histoire de "vengeance" à la Monte-Cristo, reste avant tout dramatique, et dans cette version, Hunnebelle mise plus sur le côté aventure et humour tendre avec le personnage de Passepoil (joué par un Bourvil très à l'aise dans ce genre de rôle, mais qui ne prouve rien de plus, car rôle taillé sur mesure). On peu lui reprocher également de faire l'impasse sur de nombreux aspects du roman et d'édulcorer des moments clés surtout sur la fin et par moment une certaine lenteur et un manque de rythme là où la version de De Broca est enlevée et rythmée comme le roman. Un non exemple d'adaptation fidèle, mais un des meilleurs films d'André Hunnebelle, cinéaste tâcheron sans inspiration technique et formelle, mais toujours intelligent dans le choix de ses sujets (il faut voir le nombre de ses succès au box-office dans les 50's et 60's). A l'époque, avec son casting, il fût calibré pour une réussite commerciale, donc, flairant les espèces sonnantes et trébuchantes..L'objectif fût atteint au-delà des espérances... Mais si vous voulez voir "Le Bossu" au cinéma ne commencez pas par cette version, préférez à la rigueur celle de Jean Delannoy (1944, avec Pierre Blanchar) et celle de Philippe de Broca.