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scorsesejunior54
154 abonnés
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5,0
Publiée le 11 mai 2009
Dès son arrivée en France (au milieu des années 60), L. Bunuel a laissé évoluer son style vers un surréalisme différent de celui qui le caractérisait précédemment. Recherchant moins le choc visuel et les images frappantes, il avait décidé de laisser sa mise en scène se poser (quitte à paraître théâtral), abandonnant les mouvements de caméra complexes et gratuits pour mieux se concentrer sur les situations décrites. Son regard devenait alors plus reculé et plus malicieux ; les erreurs de jeunesse (notamment en matière de rythme) se corrigeaient petit à petit, si bien que le Bunuel des années 70 était un cinéaste sûr de son style, calme et serein, évoluant en grande confiance grâce notamment à maîtrise technique de très haut vol qui pouvait alors lui permettre de ne plus se soucier de futilités comme par le passé et cibler son imagination débordante sur les éléments réels de son film. Même s'il est toujours clairement resté à l'écart de ce mouvement, il m'est avis que la Nouvelle Vague ne l'a non pas influencé (loin de là) mais plutôt libéré, décoincé, lui permettant de rompre (enfin) avec les quelques résidus de conventions esthétiques héritées de son apprentissage daté (premier essai en 1928) du cinéma. Lorsque survient 1974 et "Le Fantôme de la Liberté", Bunuel est au sommet de son art. La systématisation du fantasme et la justification de situations folles par le rêve du "Charme discret de la bourgeoisie" avaient là encore disparues. Que dire, si ce n'est que la fluidité de l'oeuvre de L.B. a de quoi ici laisser bouche bée ? Ses incomparables qualités de narration servent un scénario raffiné admirablement écrit même si on pourra relever une contradiction (que certains trouveront ridicule, d'autres peut-être plus importante) dans le ton bourgeois employé (ce qui n'était pas voulu) pour critiquer justement cette même bourgeoisie. Bunuel face à ses démons, personne n'est parfait... "Le fantôme de la liberté" n'en demeure pas moins un de ses films les plus inspirés.
Plus qu'un film à sketches, ce film de Luis Bunuel (son avant-dernier) est une réflexion passionnante sur la liberté et toute l'ambiguité de ce mot. Fil conducteur des films, elle constitue un lien parfait entre chaque histoire, coupe et recoupe les trajectoires d'hommes et de femmes ayant tous un comportement surréaliste et poétique, en même temps que tout à fait logique. Il est impressionnant de voir à quel point Bunuel met en scène une comédie humaine dans laquelle toutes les classes sont représentées comme enfermées, aveugles et déconnectées de la simple réalité. Par un très grand travail de montage et de rythme, Bunuel tisse ces différentes petites histoires en même temps qu'une représentation lucide et drolatique du monde qui l'entoure. La liberté prend alors différents chemins, le cinéaste n'hésitant pas à accentuer sa nature insaisissable et castratrice. C'est cruel et drôle, beau et inquiétant, comme un poème surréaliste.
Un excellent Buñuel critiquant la religion, la police, la gendarmerie, la justice et comme a son habitude la bourgeoisie. Les scènes se suivent sans pour autant avoir de lien logique et pourtant cela ne fait perdre aucune saveur au film. Les situations cocasses et burlesques s’enchainent et le spectateur ne peut s’empêcher de rire face a ces situations tout a fait surréalistes. Aussi drôle et « engagé » que "Le Charme discret de la bourgeoisie" autre film absolument génial de Luis Buñuel.
Quand Bunuel jongle avec le loufoque, le resultat est un film d'un comique delirant des scenes farfelues, Bunuel ne cesse de nous surprendre dans ce tourbillon loufoque, il retombe toujours sus ses pieds, chapeau monsieur Bunuel.
le film de bunuel que je préfère en ce qui concerne sa dernière période: le personnage principal change à chaque séquence, le scénario délire mais jamais gratuitement, mon passage préféré étant cette petite réunion bourgeoise où les invités se posent sur des toilettes en toute décontraction et vont, gênés, manger en cachette dans des sortes de wc clos. bref, le film est d'une liberté de ton et de propos jubilatoires
Débutant par la célèbre peinture «La fucilazione del 3 maggio 1808» de Francisco Goya, «Le Fantôme de la Liberté» (France, 1975) de Luis Bunuel s'active tout son long à dénoncer les bornes de la liberté. Tantôt richesse éphémère réservé aux adultes, tantôt véritable peine de mort, etc. Luis Bunuel fait de la liberté un simulacre. La narration est construite par un enchâssement des récits, multiples exemples variés des frustrations quotidiennes, des barrages à la liberté. Comme chaque scène nous échappe pour fuir outre, vers une autre destinée tout aussi fuyante, la liberté selon Bunuel n'est qu'une poignée de fumée aussitôt perdue qu'elle est acquise. Plaidoirie pour la face fantomatique et fantasmatique de la liberté, «Le Fantôme de la Liberté» possède la charme abstrait du surréalisme, peut-être l'un des véritables films surréalistes bunuelien depuis «Subida al cielo» (Mexique, 1951). «Le Fantôme de la Liberté» brille aussi par son ironie perpétuelle, découlant du surréalisme et de son exploitation anti-libérale (cf. l'affiche du film illustre la Statut de la liberté en forme de cul, à la torche molle). Avant-dernier long-métrage d'un immense cinéaste, le film explose de toute les revendications du réalisateur, tant politique qu'anti-clérical (marque de fabrique de Bunuel) qu'artistique que social. Bref, «Le Fantôme de la Liberté» dans sa singularité narrative, sa folie ambiante, sa dynamique multiple est un chef d'oeuvre, encore une fois, signée Luis Bunuel.