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cinono1
309 abonnés
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3,5
Publiée le 17 mars 2018
Tout est surréalisme avec Luis Bunuel qui aime à s'amuser des conventions de la société. Ses cibles sont souvent les représentants de la société publiques, policiers-étudiants, curés occupés à fumer et jouer aux cartes, hommes politiques déphasés...Entre scènes marquantes et ennui poli, ce film à sketches trace le sillon d'un auteur iconoclaste qui lui, semble avoir trouvé les clefs de la liberté dans sa liberté de ton et de pensée. Belle galerie d'acteurs Français, Rochefort, Brialy, Londsale et consort...
Si les postures surréalistes de Luis Bunuel sont par moments obscures, il ne nous échappe pas que la comédie est une satire ironique de la bourgeoisie et de ses alliés de toujours, les corps constitués, dont les uniformes confortent son pouvoir. Ainsi, à travers ces sketches dont les transitions sont assurées par les passages de témoin entre les personnages, rencontre-t-on tout ce que la société compte de représentants ou d'autorités officiels: gendarmes, soldats, juges...et moines. Bunuel s'amuse ici à inverser, à prendre à contre-pied, les valeurs qu'incarnent les gardiens de l'ordre, de la morale et du conformisme. Ainsi, les gendarmes sont-il facétieux et et indisciplinés, ainsi les juges lspoiler: ibèrent-ils un condamné à mort tandis que des religieux s'adonnent au poker et à l'alcool!
Accessoirement, le cinéaste n'oublie pas de provoquer par l'exposition de pratiques sexuelles relevant des tabous ordinaires:spoiler: sado-masochisme, inceste, pédophilie. Moments cocasses ou anodins (qui sont pour la plupart concentrés dans la longue et mémorable scène de l'auberge) que seuls les plus puritains trouveront scabreux. Les personnages de Bunuel, traités sur le mode de la sobriété, n'en demeurent pas moins des figures grotesques engoncées dans la bienséance et la fausse distinction. Toute l'originalité et le talent de Bunuel sont là, dans l'art -discret- de lever les masques.
En 1974, Luis Buñuel livre un film audacieux mais complètement absurde dans lequel il brocarde les conventions. Constitué d’une succession de petits sketchs d’inégale valeur, ce long-métrage réunit pourtant une pléiade d’acteurs français reconnus (Jean-Claude Brialy, Michael Lonsdale, Jean Rochefort, Michel Piccoli, etc.). Dans cet enchaînement farfelu tantôt burlesque, tantôt surréaliste, l’auteur bouleverse les codes de la société tout en se moquant gentiment de l’Eglise, de la police et du pouvoir. Heureusement, grâce à quelques scènes fulgurantes (la soirée sadomasochiste avec les prêtres, le dîner assis sur les WC, etc.), la rythmique comique évite de sombrer dans l’ennui. Bref, une œuvre irrévérencieuse mais trop brouillonne.
Buñuel a toujours eu beaucoup de choses à dire, et la clarté relative de son style l'a souvent justifié auprès du grand public. Le Fantôme de la liberté est dans ce sens une de ses œuvres les plus iconiques, car c'est presque un film à sketches formé d'une succession de bonnes idées. Mais l'œuvre passe aussi un peu pour un exutoire bâclé, car elle laisse entrevoir plusieurs symptômes de relâchement : des montages bricolés au Scotch, indignes d'un grand réalisateur, des chapitres qui s'effacent sans s'expliciter, et une fin similaire qui ne laisse pas seulement dans le doute mais dans la confusion, et avec brutalité encore.
Comme je le dis souvent, tout peut avoir un sens ; encore faut-il qu'il soit discernable à moins de s'assumer comme indiscernable.
Dommage que le film doive vraiment prendre les apparences d'un fantôme : une présence atone, fade et catatonique qui n'est pas pour faire honneur au propos de son créateur. Pourtant les idées y sont vraiment géniales quand elles ne donnent pas l'impression que rien que dix minutes en sont un développement par trop avide ; Buñuel s'y surpasse en sarcasme, trônant avec gloire dans son pince-sans-ririsme parfait où il bénit un casting clinquant et sans faiblesse. Les chapitres en eux-mêmes m'autorisent à donner une note largement positive, mais j'ai eu une impression trop forte qu'ils auraient pu être mieux agencés sans tellement d'effort.
Au titre suffisamment explicite, un pur chef d'oeuvre empli de surréalisme mais aussi de non-sens. Ainsi le contraste particulier du sketch du parc offre un point de vue qui parle de lui-même: entre les hippies écologiques jouants de la guitare entre eux, joyeusement libres jusqu'au bout, vivants en communauté, et le sexe tarifé et glauque d'une prostitué ne connaissant que grosses limousines, patrons, couples mariés et intellectuels universitaires dans des espaces clos et confinés.
Avant dernier film de Luis Bunuel sur un scénario de Jean-Claude Carrière, ce film est construit comme un "portrait chinois", avec une succession de scènes qui s'enchaînent, apparemment sans logique narrative. On suit des personnages dans divers situations, souvent absurdes et drôles, qui se moquent des convenances bourgeoises hypocrites. Tout y passe, l'éducation des enfants, la probité du clergé, les mœurs sexuelles, l'engagement politique, etc. Au milieu du film, une séquence de crime gratuit où un homme tire au hasard dans la foule depuis le haut de la Tour Montparnasse, alors tout juste terminée, comme une allégorie d'un monde qui rend dingue, est très réussie. Et une tirade dite par Michael Lonsdale sur la surpopulation mondiale (on était 4 milliards d'êtres humains en 1974) est prophétique et glaçante. Comme toujours chez Bunuel, au delà de l'intelligence et de la finesse du propos, le montage est virtuose et casse les codes de la narration. C'est brillant (la distribution est éblouissante) et ça n'a pas pris une ride.
Soyez bien assis : rien n'a de sens, mais tout s'enchaine, tout est curieux, amusant, surprenant. Un cinéma décalé auquel chacun s'attachera à trouver un ou des messages : pourquoi pas. Même derrière le nom d'un grand maître comme Bunuel, ce type d'OFNI ne serait sans plus finançable aujourd'hui. Ni sur le fond, ni sur la forme. Jouissif.