Guy Hamilton acte 4 alors que le costume de James Bond est officiellement endossé par Roger Moore, une année seulement après la sortie du précédent Vivre et laisser mourir. Ici, James Bond est menacé préalablement, a contrario des épisodes précédents. Oui, tête d’affiche dans le planning d’un tueur à gages légendaire, l’agent 007 se voit contraint de débusquer son rival, faisant face aux dangers, traçant sa route aboutissant à une confrontation professionnel VS professionnel, le tout dans de sublimes décors asiatiques, la Thaïlande ou encore Hong Kong. Place donc ici à un volet peu conventionnel de la série, paradoxalement tout à fait ancrer dans le mythologie Bond, sans gros bouleversements.
La réalisation d’Hamilton reste très similaire à celle du précédent volet, préférant souvent l’humour à la rigueur, se jouant des stéréotypes induits par l’aire Sean Connery pour mieux faire transparaître les faiblesses du héros, ici souvent trompé par la situation. Roger Moore, quant à lui, n’évolue que très peu en rapport à l’année précédente, fidèle au nouveau James Bond qu’il incarne, plus léger, plus snob peut –être, mais toujours classe sur lui. Finalement, l’originalité de l’homme au pistolet d’or ne tient qu’à ses formidables décors, naturels et extérieurs ou inventifs et intérieurs. Oui, l’île de l’ami Scaramanga est tout simplement l’un des plus beaux décors de la série.
Il est ici aussi l’occasion de confronter James Bond, quel qu’il soit, à un autre acteur légendaire, Christopher Lee, le traditionnel Dracula du cinéma. L’acteur s’en sort les doigts de pieds en éventail du fait d’un charisme hors pair, d’une stature imposante et en volerait presque la vedette à un Roger Moore parfois quasi absent. Malgré des personnages hauts en couleur, L’homme au pistolet d’or semble souffrir du même mal que son prédécesseur, un manque patent d’intérêt scénaristique dans le sens ou le film n’est pas forcément captivant.
Heureusement, Hamilton se rattrape sur l’action et les décors. A ce titre, le passage à Bangkok donne lieu à quelques scènes d’anthologie, à l’image de cette formidable poursuite auto aboutissant sur une cascade admirable ou dessus d’un cours d’eau. L’on retrouve par ailleurs dans cette séquence le fameux Shérif Pepper, en vacances dans le coin et faisant le trait d’union avec le James Bond précédent. Décidément, Hamilton est un réalisateur pour spectacle bon enfant né, mais malheureusement plus aussi détonnant qu’à l’époque Goldfinger. Le retour de Lewis Gilbert sur l’espion qui m’aimait sera très bénéfique à la franchise. 12/20