Rock n'roll, rythmé, enlevé, ce neuvième épisode de la saga James Bond, le deuxième avec Roger Moore, assure le spectacle de part en part.
A commencer par le méchant incarné à la perfection par l'inmanquable, celui qu'on ne présente plus, le magnifique, l'immense Christopher Lee (1,96 m si je ne me trompe pas). Son rôle vaut de l'or tant il permet de poser à lui seul une atmosphère malsaine à chacune de ses apparitions. Christopher a l'art de jouer les méchants (ses 11 Draculas ne vont pas lui dire le contraire) et le montre de façon pudique, posée, et d'une manière si charismatique que son interprétation tient du sans faute.
Face à lui, Roger Moore, plus classe que jamais, campe l'agent double avec son humour bien particulier, sa dose d'aventure qu'il ne rechigne pas, et surtout sa manière bien à lui de ressortir indemne des combats, d'être un genre d'invicible, LE seul et unique James Bond.
"The man with the golden gun" permet aussi à Guy Hamilton de s'affirmer comme le nouveau maître du film d'espionnage : il en est à son quatrième et ultime réalisation pour la saga James Bond. Il peut donc s'en aller avec les honneurs.
Ian Fleming, mort en 1964 (juste après la mise en scène de son "From Russia with love" de Terence Young), ne put achever le roman "The man with the golden gun". Un autre écrivain fut mis à contribution. Lors de son adaptation au cinéma, seulement le pistolet d'or, le méchant et le titre resta. Le scénario du film n'en demeure pas moins maîtrisé (Richard Maibaum reste présent depuis "Dr No") : James Bond doit affronter l'homme le plus puissant du monde, le dénommé Scaramanga, et son pistolet d'or... .
Au casting, suivent de près la non moins sublime Britt Ekland (déjà vu dans un Vittorio De Sica) et Maud Adams (qu'on retrouvera plus tard dans "Octopussy"), plus glamour qu'Ekland, dans les rôles des James Bond girls. Du côté des méchants, Hervé Villechaize (Nick Nack) est parfait dans son personnage de dur à cuire loufoque (il fait penser à Mini-moi je trouve).
Il est à noter que la photographie, somme toute banale, se démarque grâce notamment aux décors paradisiaques qui nous sont dévoilés. Les effets spéciaux (même s'il n'y a que deux explosions majeures dans le film) sont remarquablement bien huilés, tout comme les bagarres au corps-à-corps (peu de fusillades) entraînés par un Roger Moore plus mature que jamais !
La musique, elle, fait son grand retour, tout comme John Barry. Il signe avec tact, classe, fermeté et sagesse, une musique douce qui se fait très joliment la part belle au rock n'roll sans jamais toutefois l'atteindre. John nous entraîne lui aussi dans une virée lointaine, sur des îles paradisiaques. La chanson du générique, "The man with the golden gun", est chantée par une certaine Lulu.
"L'homme au pistolet d'or" est un must u film d'espionnage, l'un des meilleurs de la saga, et donc dans l'absolu (dans l'ordre chronologique), le meilleur Roger Moore.
Spectateurs, laissez-vous tenter par ce James Bond, et, par-delà les apparences, même s'il ne s'agit que de Christopher Lee, faîtes attention à un briquet posé à côté de vous ce soir... !