Après «Citizen Kane» (1941), «All about Eve» (1950) et avant «The Barefoot Contessa» (1954), Vincente Minnelli dresse, dans «The Bad and the Beautiful» (USA, 1952) le portrait d’une icône de l’industrie médiatique, en l’occurrence un producteur hollywoodien ambitieux (Jonathan Shields interprété par Kirk Douglas), par le biais des différents témoins qui l’ont côtoyé dans le passé. Par le truchement d’un vieil acolyte réalisateur, d’une ancienne compagne actrice et de l’écrivain qu’il invita à Hollywood, tous trois partageant une rancœur tenace à l’égard de Shields, le portrait de l’homme et du producteur s’esquisse progressivement. Derrière la bête de cinéma se cache la beauté d’un homme fragile, meurtri par la réputation de son défunt père, anciennement connue dans la profession du cinéma pour être sévère et détestable. Le procédé des flash-backs à répétition, outre de complexifier le fil narratif, permet de soutenir l’attention du spectateur. Renfermant trois films en un, «The Bad and the Beautiful», avec la belle-brochette d’acteurs, comme toujours chez Minnelli, en donne au spectateur pour son argent. Tout le film en donne pour son argent, jusqu’à la façon dont le cinéaste, derrière les travers hollywoodiens qu’il dénonce, dore la carrosserie du système des studios. Ce serait une déclaration d’amour à Arthur Freed, le producteur de ses grandes comédies musicales, qu’on ne s’étonnerait pas. «The Barefoot Contessa» de Joseph L. Mankiewicz brosse une image moins arrondie et moins galvanisée d’Hollywood. Il faut toutefois mentionner Kirk Douglas dont l’interprétation est d’une remarquable complétude. Tant dans sa voix, ses intonations et ses inflexions que dans ses gestes, Douglas éclaire le noir et blanc désaturé d’une présence éclatante. Qu’il n’ait pas eu l’Oscar du meilleur acteur auquel il était nommé, alors que son personnage apparaît en fondu avec la statuette dorée, est un triste coup du sort qu’il faut déjouer aujourd’hui en rendant justice à l’acteur.