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    Ballet mecanique
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    Fêtons le cinéma
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    4,5
    Publiée le 12 janvier 2020
    Ballet Mécanique s’ouvre sur une figuration de Charlot en pantin désarticulé, indiquant d’emblée au spectateur que le spectacle qui se joue devant lui se veut une version moins clownesque et plus machinale des pitreries de l’homme au chapeau-melon noir – on lui oppose ici un chapeau blanc – , préfiguration des Temps Modernes qui ne sortira que douze ans plus tard. Car le court-métrage est une réflexion « sans scénario » sur l’engloutissement de l’humanité dans cette vaste industrie qui occupe à l’époque une place centrale dans la vie de la population, dans les débats philosophiques et dans les représentations artistiques : des jambes sont privées de leur tronc, ornent une horloge indiquant la substitution du rythme humain par celui de la machine, un sourire dévoile l’éclat de belles dents blanches, mais le visage qui les porte reste masqué. Des morceaux de vie comme disposés sur le tapis roulant d’une salle de montage où les pièces détachées se suivent jusqu’à se lier les unes aux autres et former un tout homogène et commercialisable, somme du labeur partagé et de pièces hétérogènes. Des bouteilles qui semblent danser, se téléporter d’un endroit à l’autre comme si le spectateur avait déjà consommé son contenu ; évocation certaine de l’alcool en paradis de substitution pour ceux qui contribuent à créer et diffuser ces petites morts, et qu’ils avalent après le boulot. Encadre cette danse macabre l’évocation de l’insouciance et de la légèreté frivole : une jeune femme se divertit, assise sur sa balançoire. Elle recule et avance, reproduit sans le savoir les mouvements incessants d’un automate, de la même manière que son collier de perles à cinq millions de francs équivaut à une chaîne de 0, soit son prix comme unique référence de valeur, soit la nullité répétée ad nauseam. Avec Ballet Mécanique le cinéma se plaît à exhiber les rouages de la beauté mercantile et factice pour, en creux, attester sa fascination pour le chaos générateur d’un tissu sonore fait de sirènes et de marteaux-piqueurs ; mieux, la frénésie mécanique confère à l’art l’occasion d’entreprises esthétiques novatrices, la mise à mort de tout classicisme au profit d’une dynamique nouvelle et unique qui donne au court-métrage, en dépit de son thème, une âme bien à lui.
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