Déroutant, c’est le premier mot qui m’est venu lorsqu’est apparu le générique de fin. Je ne connaissais pas le cinéma de Sofia Coppola, et qu’elle merveilleuse surprise. Résumé : 5 jeunes filles, dans une Amérique bourgeoise des années ‘70. Elles aspirent à une liberté qui leur est empêchée par des parents (une mère surtout) stricts et puritains.
Déroutant parce que la caméra vacille d’un côté entre la dynamique exceptionnelle de ces années 70, symboles de liberté, de jeunesse, de sexualité, de musique (super BO), la recherche de la découverte par les adolescents; et de l’autre côté, la violence et la noirceur d’un environnement familial glacial, emprisonnant, étouffant. La scène où la mère brûle les CD le montre : cette maison suffoque et les jeunes filles avec. Rien ni personne n’a pu leur venir en aide, malgré la bonne volonté des jeunes garçons et du père.
Le monde entier y semble d’ailleurs soit indifférent, comme la mère qui est dans le déni, soit y porte une curiosité malsaine et malicieuse, comme les voisins, les journalistes, les médias, soit ironise sur la situation, comme les parents du groupe de garçons à la fin. C’est un renvoi intéressant à l’indifférence que porte notre société face au suicide. Mais également un renvoi à la manière dont les médias cherchent à marchander sur la mort, à faire de l’audience au lieu de prévenir de tels actes. Ce film n’a malheureusement pas vieilli.
Les - : j’ai regretté au départ le regard très masculin du film. L’hypersexualisation des jeunes filles, qui ne sont envisagées que comme objet de désir. Lux devient même un trophée pour Trip. Il l’abandonne d’ailleurs après un rapport sexuel.
Les + : j’ai trouvé très intéressant le fait de raconter cette sororité d’un point de vue externe : par l’investigation des jeunes garçons, par Trip une fois adulte, mais aussi par les voisins, les journalistes... Ils sont curieux, presque obsessionnellement, et le spectateur le devient aussi. Le pari du film me semble donc réussi.
Finalement, c’est en ces seuls garçons que les filles font confiance, au point de les vouloir comme témoins de leur propre mort. Ils leur rendront cette confiance en faisant vivre leur histoire au-delà de leur mort. Peut être parce qu’ils en sont amoureux, ou peut être simplement parce qu’ils les ont comprises.