Sofia Coppola, fille du grand Francis Ford, signe en 2000 son premier long-métrage, Virgin Suicides. Et, le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il s'agit d'une réussite.
Dans une ville américaine tranquille et puritaine des années 70, Cecilia Lisbon, treize ans, tente de se suicider. Elle a quatre soeurs, de jolies adolescentes. Cet incident éclaire d'un jour nouveau le mode de vie de toute la famille. L'histoire, relatée par l'intermédiaire de la vision des garçons du voisinage, obsédés par ces soeurs mystérieuses, dépeint avec cynisme la vie adolescente. Petit à petit, la famille se referme et les filles reçoivent rapidement l'interdiction de sortir. Alors que la situation s'enlise, les garçons envisagent de secourir les filles. Dès les premières minutes, on devine que Virgin Suicides sera une oeuvre touchante, mélancolique, intrigante, prenante, émouvante, exquise, retournante, belle, triste et sincère. Dès le début, on remarque également une ambiance très particulière, à la fois joyeuse et sombre, sucrée et salée, douce et cruelle, calme et perturbante.
La narration du film est basée sur ce que savent les garçons, autrement dit, pas grand chose. De cette manière, le spectateur se retrouve à leur place, aussi hanté par les soeurs Lisbon que ne le sont ces personnages du film (Voir, par exemple, la magnifique scène des disques passés au téléphone.) Là où Sofia Coppola aurait pu tomber dans la psychologie facile et bateau, elle ne fait que nous livrer un tableau poétique, insaisissable, subtil et énigmatique. Le tableau d'une famille perdue dans un labyrinthe noir et profond, tentant vainement d'en trouver la sortie sous les jacassements incessants des voisins et des médias. Enfin, la bande-son est magnifique, très pure et planante, à l'image du nom d'un groupe qui a composé pour le film, Air.
En conclusion, on retient de Virgin Suicides une oeuvre délicate, juste et fragile, à la fois naïve et profonde.