Avis assez contradictoire bousculé entre émotion et frustration : d'un côté, l'apparence parfaite de la famille qui cache finalement un mal être général qui doit être canalisé ou même dissimulé, c'est assez fort comme sujet, c'est délicat et poignant même, j'adore, MAIS les cinq filles n'expriment pas grand chose, elles ont l'air d'être passives et spectatrices de ce qui leurs arrivent. Il y a seulement une scène où elles sont bloquées dans leurs chambre où on ressent vraiment l'ennuie et la monotonie de leur quotidien.
Le seul moment sinon, où on peut ressentir qu'elles ont besoin d'espoir, c'est quand les quatre garçons leur passent de la musique via téléphone, ces scènes sont brèves mais très belles car mises en parallèles.
D'ailleurs c'est intéressant d'avoir opposé ces voisins : 4 garçons libres de se voir et sortir, qui, malgré l'impossible, tentent de rentrer en contact avec les quatre filles. Au début, on voit clairement que c'est un fantasme pour eux, et ça devient une véritable histoire d'amour, à sens unique, certes, mais tout plein d'attentions et d'intérêt pour des filles intouchables et enfermées.
C'est la partie de l'histoire qui m'a le plus touchée je crois, du fait des magazines, des films qu'ils se font en imaginant les voyages, et puis de la rétrospective qu'ils se font sur cette histoire 'on était jeunes, on les aimait et on n'a jamais su ce qu'il leur est arrivé'.
Voilà la base de la problématique du suicide, c'est l'incompréhension qui règne après. Je trouve ça bien exprimé dans le film, les scènes sont confuses ou partielles et toujours vue d'un oeil extérieur (symbole de la lunette astronomique!). C'est ça le plus fort je crois. C'est vraiment ce côté qui me turlupine : je veux savoir pourquoi et comment (!!), alors que la subtilité du film est de placer le spectateur à la place du spectateur littéralement : on regarde passivement et on ne peut pas agir parce qu'on ne sait PAS ce qu'il va se passer ni ce que pensent les filles. Ragnagna que c'est agaçant! J'applaudis Coppola rien que pour m'avoir relevé ce sentiment d'inactivité et de passivité.
A noter : C'est la même réalisatrice que Lost in Translation, donc le même style : il faut creuser pour trouver la poésie et la finesse du message passé, et passer outre sa passivité devant le film