John Stahl, tourne probablement , avec 'Leave her to heaven' , son film le plus célèbre alors même que l'essentiel de sa carrière est déjà derrière lui.
Ce n'est pas forcément le diamant noir absolu que beaucoup revendiquent, la faute sans doute à l'entassement précipité des péripéties dans le troisième quart du film, il n'empêche qu'il n'est pas exempt de multiples qualités : un somptueux technicolor, des paysages non moins magnifiques, une distribution cohérente et talentueuse, un sens certain du rythme avec un crescendo qui culmine au moment de la scène du procès, et même un très beau plan final, tout en pudeur et retenue.
Gene Tierney trouve là un des deux plus grands rôles de son parcours ( avec 'Laura', bien sûr), un rôle dont nombre d'actrices auraient rêvé, celui d'Ellen Berent, cette fleur enivrante, tordue, et vénéneuse. Rarement la perversité et le crime auront eu un visage aussi angélique. Les autres personnages, de Richard (Cornel Wilde) à Ruth (Jeanne Crain), par leur normalité, servent à mettre en relief la personnalité de cette poupée létale.
La grande trouvaille du film, à mon sens, est la manière machiavélique dont la malheureuse,
car au fond Ellen Berent est une malheureuse, minée par une jalousie pathologique., s'arrange pour continuer à nuire à ses proches post-mortem, grâce à une combinaison exigeant d'elle le sacrifice de sa vie
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